La lutte contre le cancer passe par la chimiothérapie. Parfois une allergie médicamenteuse s’interpose dans le processus de guérison du malade. Heureusement cette pathologie est rare. Elle ne doit pas décourager les patients d’entreprendre ce traitement.
Sources : Institut National contre le cancer – revue française d’allergologie n° 58, 2018 – rapport Anses février 2017
Démêlons cette histoire qui fait bruisser les médias en peu de mots mais beaucoup de bruit, en parlant d’allergie à la chimiothérapie.
Allergie et induction de tolérance
Le Dr Benhayoun de l’hôpital de Nice a rendu un très beau travail sur l’allergie et les anti-cancéreux en décembre 2018. Les réactions d’hypersensibilités allergiques aux produits de chimiothérapies concernent à la fois les chimio traditionnelles et les biothérapies anti-cancéreuses.
Quelques soient la méthode et les médicaments utilisés, des tests cutanés valident le diagnostic. Ils ne sont réalisables qu’en milieu hospitalier. « Les inductions de tolérances médicamenteuses aux anti-cancéreux ne doivent être effectuées que lorsque le médicament est nécessaire en tant que traitement de première intention » dit le Dr Benhayoun dans son article. L’allergologue propose alors une induction de tolérance car la priorité est de lutter contre le cancer. Il existe déjà des protocoles pour plusieurs molécules. Il s’agit d’une alternative sûre et réalisable pour garder une ligne de traitement efficace.
Un choc toxique n’est pas une allergie
La Haute Autorité de Santé a publié avec l’INCA des recommandations à propos des fluoropyrimidines (5-FU). Ce sont des médicaments présents dans de nombreuses chimiothérapies. En effet, on constate que si le patient a un déficit en une enzyme DPD, le foie n’élimine plus le médicament. La dose peut engendrer une toxicité sévère. On ne parle plus d’allergie. De ce fait, la HAS recommande de faire un dépistage du taux de cet enzyme chez les patients candidats à la thérapie comportant des fluoropyrimidines.
En résumé
L’induction de tolérance à un anticancéreux, bien prise en charge, permet au patient de poursuivre sa chimiothérapie.
La toxicité d’un médicament induit par un déficit d’un enzyme du patient, est un autre problème.
En cas d’allergie à la viande
Le rapport de l’Anses concernant les allergènes émergents met en lumière une contre indication en cas d’allergie à l’alpha-galactose présent dans la viande de bœuf et d’autres mammifères (page 30 du rapport)
« La prise de cétuximab (utilisé dans le cadre de chimiothérapies) et l’administration de succédané plasmatique de type galactosique sont susceptibles d’entraîner une réaction allergique chez le patient présentant une allergie à l’α-gal et devraient être formellement contre-indiquées. Il est donc indispensable que le médecin interroge ses patients sur une éventuelle allergie à l’α-gal et réalise un dosage d’IgE spécifiques préalablement à l’administration de cétuximab en cas de suspicion d’allergie alimentaire à la viande de mammifères ».
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