Quoi de plus revigorant qu’une bonne promenade en forêt ? Oui mais ..lorsque les pollens d’arbres sont au rendez vous. Respirer le bon air pur et se détendre en câlinant un arbre. Ah …. la sylvothérapie, cet art de vivre, de se ressourcer en toute tranquillité. Mythe ou réalité, on peut se poser la question surtout si l’on est allergique.
Shinrin-Yoku
Plus connu en occident sous le nom de sylvothérapie ou « bain de forêt », le Shinrin-yoku s’est développé au Pays du soleil levant dès le début des années 80 sous l’impulsion de l’agence des forêts japonaise. Se déconnecter du stress ambiant en flânant au milieu de la nature reste le principe de base. Pourquoi ne pas admettre que ces promenades en plein air peuvent être bénéfiques. L’activité physique est toujours recommandée.
La recherche se penche sur le sujet
Certains scientifiques sont allés plus loin en étudiant différents paramètres dont le taux de cortisol dans la salive des promeneurs. Il semblerait que cette activité de connection avec l’univers végétal améliore certaines valeurs biologiques.
Quand l’allergie aux pollens s’en mêle
Les balades dans ce sentier boisé, humer les odeurs d’herbe fraiche, jouer avec les feuilles mortes, rêver à l’ombre des grands arbres, cela n’est parfois qu’un rêve. Brièvement, imaginez, le moindre zéphyr secoue les branches des arbres. La conséquence est sans appel. Les pollens s’envolent au gré de la brise.
Seuls les pollens véhiculés par le vent sont allergisants
En guise de réaction, l’allergique se met à pleurer, à éternuer, parfois à tousser. À l’occasion, la crise d’asthme pointe son nez. La balade se transforme en cauchemar. Finie l’idée de détente, voilà le moment du mouchage, des gouttes dans les yeux et du confinement chez soi.
Des différences nord-sud
La saison pollinique est inaugurée, dés janvier, dans le sud par la floraison des cyprès . La répartition géographique de ces arbres plutôt méditerranéens a tendance à s’étendre vers le nord surtout en zones urbaines et pavillonnaires. Au nord de la Loire, ces sont les bouleaux qui pollinisent dès février -mars selon les conditions météorologiques
Le » rhume des foins «
Parce que dans les forêts et aux alentours, il n’y a pas que des arbres. D’autres végétaux pollinisent également. Il faut alors penser qu’ils ne s’arrêtent pas à l’orée du bois. Ces pollens, aussi, titillent la muqueuse nasale lors de ces revigorantes randonnées pédestres.
Les pollens de graminées sont, eux responsables de 61,5 % des rhinites allergiques saisonnières. Leur pouvoir allergisant trés marqué en période estivale, est renforcé par la pollution, en particulier les particules diesel.
Et si l’on parlait des moisissures comme l’Alternaria. Elle a la mauvaise idée de se glisser dans les tas de feuilles mortes . Elle se cache aussi dans les rouleaux de paille présents dans les champs bordurants les bois. Sa particularité est parfois désarmante. En effet la rhinite dont elle est responsable mime le rhume des foins dues aux graminées.
L’ambroisie
Cette plante est un véritable fléau localisé dans la région du bassin rhodanien et du pourtour méditérannéen. Trés agressifs, ses pollens déclenchent, chez les allergiques, des réactions respiratoires rapidement violentes. À un point tel qu’un observatoire des ambroisies est mis en place depuis Juin 2011.
Comment gérer ?
En période de pollinisation, la promenade par temps ensoleillé avec ce petit vent léger, il faut l’oublier. Comment imaginer ne plus jamais marcher dans la campagne?
Éternuements et autres désagréments
Chaque année à la même époque, votre nez ressemble à une fontaine. On vous compare à un lapin russe. Elle vous est d’un grand secours cette consultation chez l’allergologue. Son rôle premier est de débusquer l’allergène coupable. Dans un deuxième temps, ce spécialiste vous propose des conseils et solutions. La plupart du temps il s’agit d’un traitement par antihistaminique, gouttes nasales et oculaires sans oublier la désensibilisation par voie sub linguale.
L’aide complémentaire du site du RNSA (réseau national de surveillance aérobiologique) est absolument indispensable.
Jamais collé … serré
Se reconnecter avec le monde végétal, on imagine ça cool. C’est sans compter sur ces risques de désagréments cutanés. Initialement on a envie d’enlacer cet arbre qui nous tend les branches, tout cela pour ne faire qu’un avec la nature. Seulement voilà, appliquer sa joue, ses mains contre l’écorce, sans protection, peut nous jouer des tours. Pas question de danser langoureusement avec monsieur feuillu. Soyons réalistes, sur sa surface, moisissures et autres bébêtes ont élu domicile.
Boutons et gratouillis
Tripoter un végétal ,c’est risquer de voir apparaître à la zone de contact : rougeurs, papules, bulles. Ces réactions relèvent de plusieurs mécanismes. Il peut s’agir d’un irritation mécanique ou chimique, d’une allergie parfois favorisée par les rayons du soleil (phytophotodermatoses).
Un « air » de thérébentine
Vous avez cette envie irrépressible de prendre « à bras le tronc » ce magnifique conifère. Ce n’est pas une bonne idée si vous êtes allergique à la colophane. Obtenue à partir de la térébenthine extraite de la sève des résineux, c’est un allergène puissant. À son contact, les personnes sensibilisées développent un eczéma localisé.
Comme un inventaire à la Prévert
Que ce soit la Berce du caucase, le rhus toxicodendron (Sumac vénéneux), le poison Oak ou D’Ivy d’Amérique du Nord, n’allez surtout pas les toucher. Il vous en cuirait au sens propre du terme. Vous verriez apparaitre une sensation des brulures, de rougeurs et des cloques impressionnantes . Le mancenillier retrouvé aux Antilles, n’est pas plus agréable… à éviter.
Le chêne ou le châtaignier vous fait de l’oeil, méfiez vous des mousses (Frullania) recouvrant son écorce. Elles sont bourrées d’allergènes appelées lactones sesquiterpéniques, pas sympathiques du tout.
Les lichens (« charmant » mariage entre un champignon et une algue) se développent sur certains troncs d’arbres. Peu séduisants, ils ont pour nom : Evernia prunesti, Cladonia rangifera, parmellia Furfuracea.
Les primevères, les liliacées (jacinthe), les narcisses, c’est chouette, c’est beau.Pour certains, il faut les admirer de loin.
Les Docteurs Ducombs G et Crépy MN mettent à la disposition des internautes, des photos de ces lésions cutanées disgracieuses. Attention âmes sensibles, certaines images montrent combien les réactions peuvent violentes ( lien dans le paragraphe sources à la fin de l’article)
Et les bébêtes…
Continuons cette liste non exhaustive des possibles tracas.. avec les rampants (la chenille processionnaire), les hyménoptères (guêpes, abeille, frelons and co). Leurs » baisers « peuvent nous laisser des souvenirs d’urticaire, d’oedème ou de choc anaphylactique.
Sans oublier dans certaines régions, les risques d’autres pathologies non allergiques comme la maladie de Lyme transmise par les tiques, la leishmaniose rencontrée surtout dans les pyrénnées. Quant au lièvre il sait courir vite. Sachez cependant, qu’il peut être le réservoir d’une bactérie à l’origine de la Tularémie.
La promenade en forêt ou même en plaine doit être optimiser en fonction de ses possibilités et de ses allergies. On peut rester à distance de l’arbre tout en lui trouvant des qualités. Ne mettez pas en contact direct votre peau avec le sol. Une couverture est toujours bienvenue pour faire écran entre vos fesses, votre dos et le sol. Asthmatique, ayez toujours votre bronchodilatateur sous la main. On ne sait jamais. Et pour ceux qui ont déjà fait un choc anaphylactique aux piqûres d’hyménoptères, n’oubliez votre stylo auto injecteur d’adrénaline.
Sources:
INRS,
Taux de cortisol dans la salive des promeneurs
Photographie : Freepik