Durant une grande partie de l’année, les pollens titillent les yeux et les voies respiratoires des allergiques. Les signes cliniques qui en découlent ont un impact non négligeable sur la concentration, le sommeil et l’activité professionnelle, bref sur la qualité de vie. Au Japon, l’importance de la rhinite au pollen de cèdre a poussé au moins une entreprise à proposer à ses salariés allergiques une solution radicale et efficace. Mais en France, cela serait-il envisageable ?
Le cèdre du Japon
Dans la famille des cupressacées, je demande le cèdre du Japon (Cryptomeria japonica). Au Japon, après la Seconde Guerre mondiale, son implantation massive avec celle du cyprès de la même famille représente désormais une véritable catastrophe sanitaire nationale. En effet, depuis de nombreuses années entre février et avril, leur pollinisation est cause de rhinite allergique sévère chez un grand nombre de Japonais. Les conséquences économiques se font sentir dans les entreprises avec une baisse de productivité. Très récemment le « Whashington post » se fait écho de ce phénomène.
Selon la dénomination internationale, on compte quatre allergènes identifiés pour cet arbre : Cry j 1, Cry j2 , Cry j 3 et Cry j7. Ce dernier Cry J 7 de la famille des Gibberellin-regulated protein est d’ailleurs à l’origine d’allergie croisées avec certains fruits. Il s’agit de la pêche, les agrumes ou la pomme avec des risques d’allergie alimentaires sévères.
La gestion de la crise pollinique au Japon
La rhinite pollinique au cèdre du Japon et au cyprès, est un véritable problème de santé dans ce pays. Plusieurs options sont proposées pour juguler ce problème.Il s’agit d’abattre dans la prochaine décennie 20 % de ces arbres. Quant à la baisse de productivité sur le lieu de travail, elle est grandissante. Les coûts des traitement médicaux sont exponentiels. Plusieurs entreprises prennent le taureau par les cornes. Elles proposent à leurs employés allergiques une prime pouvant aller jusqu’à 1300 dollars. Elle leur permet alors de migrer le temps de la pollinisation vers des îles exemptes de ces pollens : Ile du sud-ouest d’Okinawa et d’Amami Oshima , Guam ou Hawaï.
La répartition géographique des végétaux en France
Ce phénomène fait pointer du doigt un problème, celui de l’implantation massive de certaines espèces d’arbres. En effet, il devient important de prendre conscience de ce critère en raison de l’allongement des saisons polliniques, du réchauffement climatique et de la pollution atmosphérique.
J’ai donc posé la question à Samuel Monnier du RNSA (Réseau National de Surveillance Aérobiologie). Il précise que » Pour planter sans allergies il faut éviter de planter des espèces qui libèrent beaucoup de pollens dans l’air…Sur notre guide végétation en ville il y a les espèces que l’on peut planter et celles qu’il faut éviter ». De plus il complète avec les spécificités de certains arbres « Par exemple il n’y a aucun souci pour les arbres à fleurs/arbres fruitiers qui ont une pollinisation entomophile (par les insectes) qui ne donnent donc pas d’allergies contrairement aux arbres à pollinisation anémophile (par le vent) ! «
Profitons-en pour rappeler qu’actuellement les pollens de bouleau sont très présents sur une grande partie du nord de la France comme le rappelle Samuel Monnier le 9 Avril 2024 sur BFMTV.
En France la pollinisation du cèdre du Japon se déroule entre février et mars.
La migration des allergiques
Pourrait-on transposer la solution japonaise en France ? Les allergiques aux pollens de bouleau descendent dans le sud pendant la période de pollinisation concernée. Inversement les gens du Sud allergiques aux pollens de cyprès monteraient dans le nord en janvier ! ( Mais comme dirait Michel Galabru dans les Ch’tis » C’est le NORD! »
La méthode par anticipation : la consultation chez l’allergologue
Alors revenons aux basiques. Hormis les mesures de prévention qui sont données chaque année, il faut rappeler la base: la consultation chez l’allergologue. Elle va permettre d’anticiper pour les années à venir en identifiant le ou les allergènes responsables, envisager un traitement médical et si nécessaire une Immunothérapie allergènique ( ITA)