Partager la publication "Surveillance de la qualité de l’air : le RNSA n’a plus la confiance de l’État"
L’évaluation des structures qui surveillent les pollens et les moisissures dans l’air ambiant par l’Inspection générale des affaires sociales (Igas) a mis en lumière des dysfonctionnements dans la gestion du Réseau national de surveillance aérobiologique (RNSA).
Jusqu’alors, trois structures se partageaient la surveillance de l’air : le RNSA, l’association des pollinariums sentinelles de France (APSF) et de façon facultative les associations agréées de surveillance de qualité de l’air (AASQA). Le manque de coordination patent du trio, ajouté à une fuite des subventions publiques a incité l’Igas à se pencher plus avant, sur le fonctionnement de ces interlocuteurs.
Il s’agissait d’abord de faire le point sur les enjeux de santé publique, de l’impact sanitaire des pollens qui s’appuie toujours sur des études anciennes, de l’impact des moisissures, qui lui, était peu mesuré selon l’Igas. De nouvelles études soulignent que la pollution chimique de l’air interagit avec les pollens et les moisissures.
Le RNSA ne surveillera plus la qualité de l’air
Dans leur rapport rendu public le 6 mars 2025, Béatrice Buguet-Degletane de l’Igas et Florence Castel de l’inspection générale de l’environnement et du développement durable (IGEDD), précisent : « la qualité du dispositif de surveillance a été altérée par une gestion opaque et irrégulière du RNSA. Sur longue période, cette association n’a pas respecté l’utilisation prévue des financements publics. Ses principaux dirigeants ont créé et géré, parallèlement à leurs responsabilités au sein du RNSA, des sociétés satellites investies de pans d’activité relevant des missions du RNSA, sociétés qui ont bénéficié de privilèges et fait bénéficier plusieurs dirigeants du RNSA d’avantages personnels. Il convient d’arrêter tout financement public du RNSA.«
Depuis 2014 le RNSA touchait 500 000 euros par an de financement public. Sa gestion financière a été jugée « fantaisiste« , sa gestion interne « opaque« . On peut tousser.
Le réseau de 70 capteurs démantelé
Nous avons contacté le président du RNSA Nicolas Visez enseignant chercheur en aérobiologie pour qu’il nous éclaire sur ce délicat sujet.
« J’ai été élu en juin 2023 et avec mon conseil d’administration. nous avons mis au jour des pratiques qui n’étaient pas claires. Nous n’avons rien pu faire. L’association va être dissoute. Nous sommes d’ailleurs en conflit juridique avec une ancienne filiale du RNSA » pose Nicolas Visez. Il actera la fin de l’activité du RNSA ce mercredi 26 mars au tribunal des affaires économiques ainsi que le licenciement des 5 salariés.
» Scientifiquement et sanitairement, c’est une catastrophe. Pendant près de 30 ans, nous avons collecté des données avec les mêmes capteurs, qui nous permettent de définir de vraies tendances. Y compris avec les capteurs européens. Notre réseau de 70 capteurs va être démantelé, 40 capteurs fermés et pour les autres… c’est une complète incertitude à ce stade. Quand j’ai été élu président je voulais faire de la science, produire des données utiles à la santé publique. En deux ans, je n’ai fait que gérer des problèmes qui existaient bien en amont » confie le président plein d’amertume.
Illustration : Freepik par IA