Choisir une carrière lorsque l’on a une ou plusieurs allergies peut ressembler à un défi. Cette jeune infirmière nous montre que tout est possible. Avec détermination et passion, son histoire bouscule les idées reçues.

Polyallergique depuis toujours.

Je m’appelle Mathilde et j’ai 30 ans. Allergique depuis l’âge d’un an, j’ai également de l’asthme et de l’eczéma.Mes parents ont chacun un terrain atopique.Durant la diversification alimentaire, ma mère remarque très vite des symptômes cutanés après la consommation d’œuf. L’allergie à l’oeuf a été confirmé par une  série de tests. Au fil des années, cela a évolué avec, vers l’âge de 4 ans, des allergies aux fruits à coques, arachides, œufs, soja, graine de lupin, moutarde, pollens de graminé et de bouleau, poils de chat et de chien, acarien, moisissure et herbacées.

ETP et Cures thermales.

De toutes ces allergies, la plus difficile à gérer était celle aux œufs. J’ai bénéficié d’une réintroduction de l’œuf vers l’âge de 6 ans. Tout s’est bien passé et je peux maintenant consommer des œufs sans soucis. De mes 6 ans à mes 16 ans, j’ai participé à des ateliers d’éducation thérapeutique (ETP) afin d’apprendre à gérer au mieux mes allergies et mon asthme dans la vie quotidienne. De mes 13 ans à mes 18ans, je me rendais, pendant chaque période de vacances scolaires, en cure climatique à Briançon . Durant mon adolescence, mon asthme m’a posé beaucoup de problème. Je faisais des crises d’asthmes importantes quotidiennement. Mon allergologue m’avait prescrit un traitement par Omalizumab.

Un nouveau bilan.

Durant mes études, je pensais avoir toutes les cartes en main pour gérer seule mes allergies . Cependant je sentais bien une évolution avec parfois des démangeaisons, des réactions cutanées parfois des crises d’asthme après un contact avec certaines matières ou avoir consommé certains aliments et dans certains environnements. Mais je n’ai jamais eu de réaction allergique sévère. Tous mes symptômes ont toujours été gérées et je n’ai jamais été hospitalisée pour ces raisons .

Cependant, j’étais toujours suivie par mon pneumologue qui a modifié mon traitement pour une autre molécule : le benralizumab. Parallèlement j’ai refait le point avec une nouvelle allergologue qui a permis de mettre en évidence une nouvelle allergie : au latex.

Mon choix professionnel .

Je ne fais jamais de choix en fonction de mes allergies. Je parviens toujours à m’adapter, que ce soit dans ma vie privée ou professionnelle. Lorsque j’ai souhaité devenir infirmière, je n’étais pas encore allergique au latex. C’est au bout d’un an d’exercice que j’ai constaté des réactions cutanées au niveau des mains lors de port de gants par exemple. J’ai la chance de travailler dans un CHU. Le service de santé au travail est très vigilant avec les personnes allergiques. Nous profitons d’alternatives adaptées aux personnes allergiques ou intolérantes. Nous avons à disposition des gants en vinyle ou nitrile, des savons moins agressifs pour la peau ainsi que de la crème protectrice pour les mains.

Dans ma vie quotidienne.

De même que dans ma vie privée, je n’ai jamais refusé une invitation à manger chez quelqu’un par exemple. Mes proches sont informés de mes allergies. En cas de doute, je n’hésite jamais à refuser de manger un aliment . Généralement en expliquant aux personnes nos allergies, ils sont très compréhensifs et parfois plus gênés que nous même. 

Le petit truc en moins.

Ce qui me gêne le plus au quotidien, c’est de ne pas être libre de manger tout ce que je veux, notamment les fruits à coque et les arachides. Je n’ai jamais eu envie de goûter à la célèbre Pâte à tartinée aux noisettes, mais en tant que sportive, je constate que les recettes adaptées aux athlètes contiennent presque toujours des noisettes ou des amandes. Chaque année, à l’approche de Noël, je consacre beaucoup de temps à chercher des recettes de bûche ou de desserts sans allergènes, une tâche compliquée puisque la poudre d’amande est omniprésente.

Aujourd’hui, je ne ressens plus cette gêne liée à mes allergies. Mon traitement est efficace, et grâce à un diagnostic précoce ainsi qu’une bonne éducation thérapeutique durant mon enfance, je n’ai jamais fait de choc anaphylactique ni eu besoin d’utiliser mon stylo d’adrénaline.

Vivre avec une polyallergique.

Nous avons interrogé Maxence, le conjoint de Mathilde, afin de connaître son ressenti sur la vie quotidienne aux côtés d’une personne polyallergique.

« Mathilde m’a rapidement expliqué qu’elle avait des allergies. Au début, je ne les retenais pas toutes, mais avec le temps, en lui proposant parfois des aliments auxquels elle était allergique, j’ai fini par les mémoriser. Après un an de relation, elle m’a formé aux gestes d’urgence en cas de réaction allergique. Elle n’en a jamais eu besoin, mais elle a préféré me préparer. Elle doit toujours avoir son stylo d’adrénaline et ses médicaments antihistaminiques sur elle, et elle m’a également fourni un « kit de survie » que j’ai rangé dans ma sacoche, avec une feuille explicative détaillant la conduite à tenir en cas d’urgence. »

Credit Photo @Maxence Massaro