La cinquième saison de HPI  sur TF1 continue de captiver les téléspectateurs. Entourée d’interprètes talentueux, Audrey Fleurot y incarne une Morgane toujours aussi brillante et quelque peu déjantée. Mais la série s’apprête à tirer sa révérence, alors pas question de bouder son plaisir en dégustant les derniers chapitres attendus depuis plusieurs mois. L’épisode 5, « Crack, Pshiiit, Haaaa » dévoile, dès les premières scènes, la mort brutale d’un jeune gamer. Très vite, l’enquête révèle une anaphylaxie comme cause du décès. En tant qu’allergologue passionnée de polars, j’ai aussitôt été happée par ce détail médical, à la fois précis et tragique.

Il ne m’en fallait pas plus pour contacter l’une des quatre scénaristes de cet épisode. Comment naît l’idée d’une allergie alimentaire comme point de départ d’une intrigue ? Quelle part de documentation et d’imagination entre en jeu ? Une multitude de questions auxquelles Léonor Varone a accepté de répondre.

Leonor Varone

Un travail collectif

Avant de débuter l’entretien, Léonor Varone nous précise que le scénario est le fruit du travail de quatre scénaristes .

Léonor Varone : ll y a depuis plusieurs saisons un binôme d’auteurs à la tête de la série HPI : Alice Chegaray-Breugnot et Julien Anscutter Ce sont, ce que l’on appelle, des directeurs de collection, présents sur tous les épisodes mais aussi à l’initiative de thèmes de certains d’entre eux. Ils peuvent faire appel à un binôme de scénaristes qui vient proposer un sujet pour un épisode particulier. Cela reste toujours une écriture collective. Cependant à la fin, seuls les directeurs de collection valident la conformité éditoriale, les choix artistiques etc. Pour ce cinquième épisode , Louise Collaray et moi avons donc rejoint Alice et Julien.

Une idée après l’autre

Dr C Q : Les scénaristes sont tels des créateurs de patrons haute couture, dont les acteurs se parent avec élégance et malice pour nous offrir une série à la fois pétillante et pleine de rebondissements. Alors il nous faut comprendre comment cela débute.

Léonor Varone : C’est une histoire que l’on a construit à quatre autour d’une table sous forme d’échanges ping-pong. En général, on part de la fin , de quoi ça va parler. Il est essentiel de proposer quelque chose qui n’a pas été déjà vu pour l’intrigue générale. Après quatre saisons, l’enjeu est de toujours trouver des choses inédites. Pour le modus operandi, nous misons sur la nouveauté et on est dans HPI, donc il nous faut conserver l’esprit ludique. Nous pensons également à ce que l’on appelle la démo , c’est à dire les explications de Morgane.

Dr C Q: Comment est imaginée la scène avec l’allergie ?

Lénor Varone: En fait, on a tout d’abord pensé que le meurtrier aurait badigeonné une manette de jeu avec du beurre de cacahuète, ce qui aurait causé ensuite l’anaphylaxie. Mais cela entrainait plusieurs questions, quand est-ce-que le meurtrier aurait l’occasion de le faire discrètement et pourquoi la victime, fortement allergique, ne remarquerait ou ne sentirait rien… Puis on a eu l’idée des bonbons que le meurtrier aurait discrètement glissé dans le paquet à l’insu de la victime, et du coup cela fonctionnait bien pour créer une situation ludique et cocasse, où Morgane finirait par manger l’arme du crime. 

Il y a donc de vécu qui va nous inspirer. À partir de cela nous faisons des recherches, soit sur internet , soit avec des consultants. On peut donc faire relire et croiser les sources. Nous cherchons toujours des choses originales, qui vont surprendre. On se sent totalement responsables de ce que l’on écrit. On ne peut pas faire des raccourcis, des choses erronées. Il faut que ce soit rigoureux même si nous avons des contraintes d’écriture.

L’adrénaline

Dr C Q: La notion de stylo auto-injecteur d’adrénaline, appelée aussi épinéphrine est présente dans cet épisode. Alliée au thème de l’anaphylaxie fait partie de l’intrigue mais délivre aussi le message que l’injection d’adrénaline sauve la vie en cas d’anaphylaxie . Mais pour l’intrigue, cela se passe autrement, car une main malveillante le déplace.

Léonor Varone : Alors en effet, Morgane est très observatrice mais ce n’est pas un docteur. En revanche , elle repère la poussière sur l’étagère. Il faut toujours que l’on puisse s’identifier à elle . Il fallait trouver le bonne endroit pour qu’elle fasse cette démo.

Adieu Morgane and Co

Voilà, c’est fini. Jean-Louis Aubert l’a chanté. Aujourd’hui, ces mots résonnent comme un écho à l’arrêt définitif de la série HPI. Après cinq saisons, l’histoire s’interrompt en apothéose, nous laissant le souvenir impérissable des personnages devenus familiers et des intrigues sacrément bien ficelées.

Morgane Alvaro, Karadec, Gilles, la commissaire Céline Hazan, Daphné Forestier… Tous s’en vont vers d’autres aventures, laissant définitivement leur personnage au vestiaire. Grâce au travail des co-scénaristes, HPI a su captiver, surprendre et souvent amuser. On aurait envie de prolonger le plaisir.

Merci aux co-scénaristes qui ont su nous régaler avec des intrigues savoureuses, de mystères saupoudrés d’humour et pour final: un spectacle époustouflant .

Photos fournies par Léonor Varone