L’allergie alimentaire est loin d’être anecdotique. Par contre, en dehors des repas, les conditions de déclenchement le sont parfois : un baiser, la cuisson d’un plat, des gants de boxe, un vol en avion. L’étude des étiquetages sur les emballages est un grand art à développer le caddie à la main . Il va de soi que la vision acérée de l’allergique se porte aussi sur les produits vendus en vrac. Cela ne suffit pas, l’allergène alimentaire peut tellement bien se cacher qu’il occasionne parfois des accidents. Apprenons à le traquer dans le moindre recoin.
Sources : JIM, Revue française allergologie, OPA pratique
Par le lait maternel, tu passeras
Penser qu’un bébé allaité au sein, n’est pas en contact avec la moindre protéine allergisante alimentaire avant la diversification est une erreur. En effet, la sensibilisation peut apparaitre dès l’allaitement. Le nourrisson se met alors à pleurer, à gigoter. Une poussée d’ eczéma , des troubles digestifs, une crise d’asthme sont parfois au rendez vous. Pas question alors d’attendre que cela se passe tout seul. Il faut consulter rapidement l’allergologue.
Le « baiser du dragon »
la bise, bien ancrée dans les habitudes sociales, sentimentales ou familiales peut devenir meurtrière en cas d’allergie alimentaire. De nombreux articles font état de décès d’adolescent(e)s allergiques après un french kiss. Il suffit que le ou la partenaire ait consommé, au préalable, l’aliment auquel ils sont allergiques. Il s’agit d’une réaction dite « par procuration » donc avec contact indirect . Heureusement, ce n’est pas toujours le cas . Pensez bien à ce phénomène quand vous recevez des allergiques chez vous. Le petit réagit à l’arachide. Vous en avez ingurgité une grande poignée. Lavez vous les mains et la bouche avant de dire bonjour à l’enfant . Il ne s’agit pas là de baiser amoureux , mais d’un simple bise sur la joue .Vous risqueriez alors ,à regret , de voir apparaitre chez lui une urticaire, un oedème ou une réaction plus violente.
Un rapport explosif
Comme si cela ne suffisait pas, le passage des protéines allergisantes peut se faire par voie sexuelle. C’est le cas décrit pour cette femme allergique à la noix du brésil. Son compagnon en a consommé avant le « gros câlin » sans préservatif. Il a bien fait attention à se laver la bouche, les dents .Qui aurait pu imaginer que le contact avec les protéines alimentaires se ferait par le biais du liquide séminal? Résultat des courses… Madame ressent des brulures au niveau vulvaire et un oedème local apparait. Après un bilan poussé chez l’allergologue il s’avère que l’allergène non détruit par la digestion est retrouvé dans le sperme.
Inhaler , c’est réagir
Un aliment ça se mange. Il peut déclencher urticaire, oedème, choc anaphylactique en cas d’allergie. Alors aller jusqu’à croire que parfois ces allergènes peuvent « voler » dans l’air ambiant ne nous traverse pas toujours l’esprit. C’est pourtant une réalité. C’est alors que leur inhalation involontaire le plus souvent est aussi dangereuse voire parfois plus violente.
Aux vapeurs de cuisson ,tu penseras
Les poissons, les crustacés ça vit dans l’eau. Lors d’un repas, même cuits les produits de la mer, coquillages inclus sont sources d’allergies alimentaires. En ce qui concerne celles liées aux poissons, par exemple, entre 0,1 et 3 % de la population est concerné. Donc la méfiance et l’éviction sont de rigueur lorsqu’on y est réactif .
On pense souvent à ce qu’il y a dans l’assiette. Ce n’est cependant pas suffisant. Il faut aussi être très vigilant vis à vis des vapeurs de cuisson qui peuvent contenir des protéines allergisantes résistantes à la cuisson. Elles se diffusent dans l’air ambiant . Ces allergènes peuvent alors déclencher par inhalation de graves réactions allergiques surtout chez les individus très sensibles.
S’envoyer en l’air, en toute sécurité
Qui pourrait penser que la simple ouverture de sachet de cacahuètes à l’apéritif peut-être dangereux? C’est pourtant le cas. Il faut alors penser à protéger les enfants sensibles à cet aliment. La réaction allergique les guettent peut-être.
Alors, quand ce phénomène se passe dans un avion de ligne, il faut également être vigilant. Ce mode de transport constitue un véritable espace en vase clos . Les systèmes de pressurisation et de ventilation favorisent la diffusion des particules allergisantes dans l’habitacle. Les réactions allergiques alors observées lors de vols commerciaux sont secondaires à l’ ingestion de l’aliment durant le trajet mais aussi à l’inhalation des allergènes présents dans l’air ambiant. Certaines compagnies aériennes ont pris conscience du problème. Elles évitent la distribution de sachets de cacahuètes pendant le vol. Cela dit peut-on empêcher un des passagers d’en avoir un dans sa poche et de l’ouvrir dès le décollage ?
Tout allergique doit être en possession de sa trousse d’urgence lors de chaque déplacement.
Le lait et les gants de boxe
C’est l’ histoire hallucinante de cette jeune fille sportive et allergique au lait qui va nous en donner l’explication. Elle est relatée dans le Journal Allergy Clin Immunol. Cette demoiselle pratique régulièrement le kick-boxing. Elle débute son entrainement avec une paire de gants neufs. Quinze minutes plus tard, elle se sent mal et fait un choc anaphylactique. Elle n’a consommé aucun produits laitiers. N’ayant pas son adrénaline avec elle !! , l’équipe de secours arrive à temps pour la réanimer et l’hospitaliser. Un examen poussé et spécifique des protéines présentes dans le gant donne des résultats surprenants. De la caséïne (protéïne de lait) est isolée dans le rembourrage du gant .
Crèmes et tutti quanti
Aliments et produits de beauté
On est bien d’accord, les cosmétiques, normalement ça ne se mange pas . Ils s’appliquent sur le visage, les cheveux ou d’autres partie du corps pour embellir ou laver. Ils ont leurs principes actifs , leurs conservateurs, leurs excipients. Donc par déduction, il n’y a pas de risque d’allergie d’origine alimentaire. Eh bien là encore, ce qui va suivre va vous démontrer le contraire. Les protéines alimentaires sont classiquement utilisés en cosmétologie pour leurs qualités émulsifiante, anti « démangeaisons », anti-oxydantes. Il peut s’agir d’amande, de sésame, d’arachide, de blé, d’avoine, d’oeuf, de lait .
Le risque existe
Plusieurs études contradictoires tendent, pour les unes, à les incriminer dans le déclenchement de réaction (urticaire ou eczéma de contact) lors de l’application sur la peau. D’autres s’orientent plus vers une bonne tolérance pour certains. Par contre il est absolument reconnu que le risque de sensibilisation existe surtout cas de terrain allergique prédisposé (atopie) ou de poussée d’eczéma. Cela pourrait dans certains cas favoriser le déclenchement d’allergie alimentaire. En découle une attitude à respecter absolument. Elle consiste à éviter l’application sur la peau des atopiques de toute crème, huile ou cosmétique contenant des protéines d’origine végétale ou animale. Il parait logique et licite de consulter l’allergologue lorsque le doute persiste sur un produit. Il peut par l’intermédiaire de tests infirmer ou confirmer les risques et la participation de l’un des ingrédients.
À chaque allergique, ses produits.
Ce qui convient pour l’un, ne l’est pas forcément pour le voisin…
Tranfusions et greffes
En intra veineuse
La transfusion peut sauver la vie mais elle parfois source de réaction étonnante liée à l’allergie alimentaire. En 2007, lors d’une coloscopie, une équipe canadienne transfuse du plasma frais congelé provenant d’une personne allergique à l’arachide .Dans les 48 heures la receveuse fait un choc anaphylactique aprés avoir mangé muffin . Indemne, jusqu’alors de toute allergie alimentaire, la transfusion reste la cause la plus probable pour les médecin. Elle aura permis le passage des anticorps IgE anti arachide de la donneuse. Heureusement, cette allergie n’est que transitoire puisque le taux d’IgE spécifiques élevé diminue en quelques mois.
La transplantation
Plusieurs publications relatent un phénomène particulier: la transmission d’une allergie alimentaire du donneur à un receveur indemne par le biais d’un greffon. Contrairement au cas cité précédemment , l’allergie chez le greffé devient définitive.
Les premières observations sont publiées dès 1997. C’est par exemple le cas de cette femme qui subit une transplantation de foie et de rein provenant d’un donneur mort d’un choc anaphylactique à l’arachide . Quelques mois plus tard, après avoir consommé des cacahuètes, elle fait aussi un choc. Les greffes de moelle présente le même risque en fonction du donneur. Marc Gozlan spécialisé dans les histoires médicales « exceptionnelles » a parfaitement relayé plusieurs cas. Il cite par exemple l’histoire de ce patient allergique devenu allergique au kiwi après une greffe de moelle osseuse. Ces incidents restent encore peu nombreux. Par contre, le futur greffé doit être informé par les équipes de transplantation , des risques allergiques potentiels transitoires ou définitifs.
Lorsque les murs s’y mettent aussi
Les murs, ça sert à construire une maison, un bâtiment . Ils sont parfois enduits de protéines alimentaires sans que l’on s’en préoccupe plus que ça jusqu’à ce qu’un drame arrive.
La noix fatale
Pour exemple le cas récent de ce trentenaire allergique aux noix, mort d’un choc anaphylactique violent. Les circonstances tragiques font froid dans le dos. Ce n’est pas en mangeant ces fruits à coque, non. Dans le cadre professionnel, il doit inspecter une caserne en cours de rénovation . Malheureusement, les murs ont été décapés avec un produit de sablage à base de coquilles de noix . L’inhalation des particules de ces fruits à coque dans l’air ambiant lui a été fatal.
Les oeufs de la cathédrale
Il y a cette jeune femme allergique à l’oeuf qui habite à côté d’une cathédrale. Il est décidé que la façade de l’édifice doit être nettoyée. Cette voisine fait alors crise d’asthme sur crise d’asthme. La raison invoquée: la présence de protéines d’oeuf mélangée à la poussière de pierre se dispersant dans l’air et donc aussi dans les poumons des proches voisins.
Vous pouvez retrouver de façon plus détaillée certains des exemples cités ainsi que leurs références bibliographiques dans le livre 1001 allergies et intolérances, éditions L’opportun
Photographie : Freepik
Bravo pour votre article
Merci beaucoup THIBURCE, pour votre commentaire. Si vous avez des questions, n’hésitez pas à les poser.
C’est effectivement passionnant.BRAVO ET MERCI
Merci beaucoup Nathalie pour ce commentaire.