Partager la publication "Apnée du sommeil, allergies et difficultés scolaires chez l’enfant, faire le lien"
L’hypertrophie des végétations adénoïdes ou des amygdales obstruant les voies aériennes supérieures, l’allergie aux acariens, la surcharge pondérale représentent autant de facteurs favorisants les troubles ventilatoires obstructifs nocturnes de l’enfant. Leurs liens avec les difficultés d’apprentissage et de concentration sont jusqu’alors sous évalués . Encore faut-il poser, le diagnostic le plus tôt possible. Ce qui jusqu’à maintenant n’est pas légion. Le Docteur Madiha Ellaffi va nous aider à mieux comprendre le phénomène. En complément, la spécialiste résume les principes de prise en charge, encore trop méconnus.
Une fréquence sous-estimée
Le sommeil fait partie intégrante de notre vie quotidienne. Il doit être réparateur et de bonne qualité. C’est ainsi que l’on peut répondre efficacement à toutes les sollicitations physiques et intellectuelles journalières . Cependant, des nombreux facteurs peuvent le perturber. L’apnée du sommeil en fait partie . Ce terme, suffisamment parlant n’est peut-être pas tout à fait adapté à la population infantile. Il est préférable, comme le signale le docteur Ellaffi, d’ utiliser l’intitulé : troubles ventilatoires obstructifs du sommeil qui concernent 5% des enfants surtout entre 2 et 6 ans.
Il ne s’agit pas, comme chez l’adulte, d’arrêts respiratoires à proprement parlé mais plutôt de micro-pauses. Celles-ci réveillent souvent l’enfant. La nuit, il s’agite, se met à transpirer. Des ronflements ou un bruxisme ( grincements des dents) sont aussi audibles tout au long de la nuit.
Un panel de facteurs de risques
Il est opportun de souligner les différents facteurs prédisposants à ces troubles ventilatoires:
- Des antécédents d’apnée du sommeil chez les ascendants ou dans la fratrie
- Un asthme, une allergie aux pneumallergènes ( acariens, moisissures, animaux, pollens..)
- Un prématurité
- Une surcharge pondérale chez l’enfant
- Le tabagisme passif.
Comment soupçonner ces troubles?
Une multitude de symptômes s’impose à l’enfant concerné. Pas question de passer à côté, il faut alors que les parents ou les médecins y soient attentifs. C’est dans ce contexte que les spécialistes doivent pousser plus loin leurs investigations. On observe une fatigue matinale anormale accompagnée de cernes foncées . Le marmot est grognon, susceptible parfois anxieux. La courbe de poids est anormale avec perte de l’appétit ou au contraire hyperphagie. Les performances scolaires deviennent mauvaises avec des troubles de l’attention, de la concentration et de l’apprentissage.
Il faut ajouter à cela, la rhinite allergique le plus souvent causée par les acariens, un possible reflux gastro-oesophagien, une hypertrophie des amygdales et des végétations. Et vous obtenez le « combo » gagnant pour penser à cette pathologie.
Une prise en charge pluridisciplinaire
Autant le diagnostic , que la prise en charge font appel à différentes spécialités. Aucun élément clinique n’est laissé de côté . Il s’agit dans un premier temps, d’effectuer un examen complet. Lorsque l’enfant ouvre la bouche, la luette doit être visible et le frein de langue suffisamment long. En complément , le médecin étudie la forme du palais et l’implantation dentaire. L’étape suivante fait appel à l’ORL avec un examen au naso fibroscope. Celui-ci permet la visualisation d’une éventuelle augmentation du volume des végétations adénoïdes et des amygdales. Vient ensuite le temps des tests allergologiques couplés à un dosage des IgE spécifiques.
La polysomnographie représente un examen essentiel. Signalons qu’encore trop peu de laboratoires sont dédiés à l’exploration pédiatrique de ces troubles ventilatoires. Comme le signale le Dr Ellaffi, « la polygraphie ventilatoire à domicile , moins traumatisante, apporte déjà son lot de renseignements ».
Quant aux moyens thérapeutique , rien n’est oublié. L’adénoïdectomie et l’amygdalectomie déroulent le tapis rouge à une bonne ventilation des voies aériennes. De fait, l’oxygénation s’en voit grandement améliorée. Tout se joue également sur les mesures de prévention vis à vis des allergènes, la perte de poids sous contrôle médical, la désobstruction des fosses nasales. L’orthodontie et la rééducation maxillo-faciale complètent l’ensemble des mesures préconisées dans le but ultime d’améliorer le bien-être de l’enfant.
L’appareillage est une option à réserver aux cas rebelles. En effet, souligne le Dr Ellafi « chaque prise en charge est évaluée de manière individuelle ». La PPC (ventilation en pression positive continue) à domicile nécessite l’adhésion totale de l’enfant à cette méthode thérapeutique. Sans aucun doute, son utilisation améliore de façon significatives les troubles neuro-cognitifs et sa vie quotidienne. Le suivi se joue sur la réévaluation régulière par polysomnographie de contrôle. Ce moyen de surveillance permet un ajustement de ce traitement voire son arrêt après plusieurs mois.
Une pneumo-allergologue passionnée
Le docteur Ellaffi, interlocutrice de choix, pneumo-allergologue passionnée est mère de quatre enfants atteints de ces troubles respiratoires nocturnes. Cette spécialiste, cherche une explication et des solutions à proposer. Son parcours est impressionnant de pugnacité et d’efficacité. Elle maîtrise le sujet à la perfection et fait profiter de son expérience tout un chacun sous l’oeil bienveillant d’un éminent parrain, le Professeur Colin Sullivan, père de la PPC ( pression positive continue) dans les années 80 en Australie. Cette spécialiste hyperactive fait partie d’un réseau interdisciplinaire qui aide les médecins dans les modalités de dépistage et de prise en charge: IDEAS
Pour parfaire l’information, avec l’illustratrice Julie Eugène, elle propose au grand public un livret appelé « sommeil de marmotte« . Et depuis peu est disponible une application gratuite du même nom sur les plateformes de téléchargements Play store et Apple Store.
Illustration : Pvproductions pour freepik