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Le documentaire « Un monde d’allergiques », primé au Rushdoc International Film Festival 2022

Allergologue,insatiable curieuse et passionnée, j'écris sur l'allergie classique et insolite. J'aime livrer des infos accessibles pour tous et soulager le quotidien des allergiques. Mon dernier ouvrage s'intitule "Les nouvelles allergies comment les reconnaître " aux éditions du Rocher.
Le documentaire « Un monde d’allergiques », primé au Rushdoc International Film Festival 2022 Posted on 11 novembre 2022Leave a comment
Allergologue,insatiable curieuse et passionnée, j'écris sur l'allergie classique et insolite. J'aime livrer des infos accessibles pour tous et soulager le quotidien des allergiques. Mon dernier ouvrage s'intitule "Les nouvelles allergies comment les reconnaître " aux éditions du Rocher.

Intéressant, instructif, international, enthousiasmant, tels sont les mots qui viennent à l’esprit après le visionnage du film « Un monde d’allergiques ». En mai Arte diffuse ce documentaire produit par la société française « Découpages » . Celui-ci vient de se distinguer à Los Angeles lors de la septième édition du festival Rushdoc en remportant la palme du meilleur documentaire scientifique. Ségolène Dujardin, productrice et la réalisatrice Cosima Dannoritzer ont accepté de répondre à mes questions.

La conception du projet

Le 21 Mai 2022, Arte programme la diffusion de « Un monde d’allergiques ». Téléphage et allergologue, il ne m’en fallait pas plus pour regarder cet excellent documentaire de 52 minutes. Mais comment ce projet a-t-il vu le jour ? La productrice, Ségolène Dujardin explique:

« Je ne suis pas allergique mais de plus en plus de gens le sont, même sur le tard. Je suis maman et j’organise des goûters d’anniversaire pendant lesquels il faut faire attention aux allergies alimentaires. Il y a un nombre croissant de personnes qui possèdent des stylos auto-injecteurs d’adrénaline. Lorsque l’on regarde les chiffres annoncés par l’O.M.S! On se dit qu’il se passe quelque chose« 

L’idée d’un documentaire sur le sujet germe dans son esprit. Elle propose avec succès un pré dossier puis un scénario du projet à Arte. « Expliquer l’allergie, c’est compliqué. Je ne suis pas scientifique de formation. Donc pour le dossier de présentation d’une vingtaine de pages, il m’a fallut beaucoup potasser! Les immunoglobulines E, les cytokines, tout ça » … Puis vient la phase de production. « Il faut prendre contact avec les chercheurs dans tous les pays. Un conseiller scientifique nous accompagne tout au long du processus ». Il s’agit de Cezmi Akdis , directeur de « l’Institut suisse de recherche sur les allergies et l’asthme ». De plus il apparait dans le documentaire et nous explique les effets délétères des détergents sur nos cellules.

Les coulisses du tournage

Quant à la réalisatrice Cosima Dannoritzer, elle partage totalement l’avis de S. Dujardin. « Je ne suis pas allergique , mais je connais beaucoup de gens qui le sont. Lorsque l’on cuisine ensemble, il y a toujours quelqu’un qui a une allergie. Cela parait étrange, pour moi au départ c’est comme de la science-fiction. Quelqu’un peut mourir d’une chose si innocente et petite comme la cacahuète. Alors que se passe-t-il? » Elle prend alors conscience comme beaucoup de la dangerosité des allergies alimentaires et du risque mortel potentiel. « À chaque fois , j’apprends beaucoup. Je suis réalisatrice et mon travail consiste à expliquer au grand public un sujet. Comme je ne suis pas une scientifique , je sais reconnaitre à partir de quand cela va devenir trop complexe « . Elle ajoute :« C’est toute la communauté internationale qui travaille sur le sujet et moi j’aime bien représenter cela.On ne peut jamais trouver toute la science dans un pays.Il faut attaquer le problème ensemble et je trouve ça fascinant« . Pour obtenir un résultat aussi probant, ces deux femmes avec l’aide de l’équipe de l’agence « Découpages » ( dirigée par S. Dujardin) planchent dur sur le thème des allergies.

En Australie : L’asthme des orages

Un programme de tournage est établi en fonction des emplois du temps des experts répartis aux quatre coins de la planète. Cependant , en raison de la pandémie, l’affaire n’est pas aussi simple . C. Dannoritzer précise « Habituellement nous faisons tout le tournage ensemble sur deux semaines puis nous organisons le montage. Cette fois ci, c’était totalement différent avec les multiples vagues de covid« . Il a fallut que la réalisatrice jongle avec les emplois du temps de chacun(e) des scientifiques , les périodes confinements successifs. »En Australie, il fallait tourner au printemps, c’est à dire en novembre sur ce continent justement quand le pays était fermé pour les voyageurs internationaux. En raison des impératifs, nous ne pouvions pas programmer le tournage pour l’année suivante. Nous avons communiqué avec un caméraman réalisateur sur place pour qu’il puisse effectuer le tournage de la séquence sur le « Thunderstorm asthma » avec le professeur Edward Newbigin. Au préalable, je lui ai envoyé le script et nous avons beaucoup échanger par Skype« 

Pr Erika von Mutius et Susanne Loeliger

Avec l’impossibilité de se déplacer dans certains pays en raison de la pandémie, la réalisatrice s’adapte. « il y a eu une collaboration internationale. Pour l’entretien avec la Pr Erika Von Mutius, je ne pouvais me rendre sur place à Munich. Le caméraman allemand a donc posé son téléphone au dessus de sa caméra. Avec Skype , j’ai assisté au tournage à distance. Grace à ce stratagème , j’ai pu ensuite poser quelques questions supplémentaires à la spécialiste ». En tant que spectateur, c’est comme si vous aviez dans votre salon, cette scientifique vous expliquant l’incidence de la configuration des fermes amish et Huttérites sur le développement des allergies.Pour sa part , Suzanne Loeliger de l’université de Zurich se rend chez Fabien élèvé dans une ferme depuis sa naissance. Elle étudie chez lui, l’influence positive de cet environnement dans la prévention des allergies.

Le Pr Gideon Lack et le Docteur Carine Billard Larue: l’arachide

Le thème de l’allergie à l’arachide a une grande place dans ce documentaire . Il est abordé sur le versant de la prévention avec le Pr Gideon Lack, connu pour sa grande implication dans les études LEAP et EAT. La réalisatrice précise que dans des commentaires laissés sur la page »Youtube » de la chaine Arte ) à ce sujet, quelques parents restent sur leur garde quant aux recommandations d’introduction précoce de cet aliment chez le bébé de l’étude LEAP. Côté français , le Docteur Carine Billard Larue ( Unité d’Allergologie du Grand Hôpital de l’Est Francilien) est sollicitée pour parler , exemple à l’appui, du mode d’action et l’apport bénéfique de l’immunothérapie allergénique sur la qualité de vie de Lucas, enfant allergique à l’arachide.

  • Étude L.E.A.P. : Learning Early about Peanut Allergy 
  • Étude E.A.T. :Enquiring About Tolerance

Aux États-Unis : l’allergie au chat et la biothérapie dans l’asthme

C. Dannoritzer m’explique avoir pu se rendre aux USA en fin de tournage avec un Visa spécial à la fin de la vague Covid. Une séquence nous emmène à New york pour assister à l’entrainement de Tonny Bracco, danseur à Broadway . Il est asthmatique et explique ses difficultés respiratoires dans un environnement riche en moisissures et acariens. Sa vie est totalement transformée par un traitement de biothérapie dont Jamie Oregon nous explique le mécanisme . On se transporte ensuite à Portland où le dosage de l’allergène Fel d1 dans la salive de chats sibériens réputés « hypoallergèniques » est réalisé par les éleveurs Tom et Mérédith Lundberg. Précisons que ce type d’examen n’a pas cours dans l’hexagone.

Arbres sexués, pollens qui éclatent

Les cerises sur le gâteau sont multiples et variées. Comment ne pas être captivé(e) par l’intervention de Paloma Carinanos, professeur de botanique à l’université de Grenade en Espagne. Elle nous explique l’importance de l’implantion diversifiée des végétaux dans les centre- villes. Elle conclue en espérant la création de jardins « hypoallergèniques » remplies de plantes femelles.Janine Fröhlich de l’institut de Chimie de Mayence nous explique pourquoi les pollens gorgés d’eau lors de périodes orageuses augmentent le risque d’asthme.

Un peu d’histoire et beaucoup de recherches

Luis Quintana Murci de l’Institut Pasteur à Paris,nous propose de remonter le temps. Il se décrit comme un Indiana Jones pour décrire l’histoire génétique de l’homme. La rencontre entre L’homo Sapiens et l’homme de Néenderthal. Il cherche a comprendre les implications de cette relation sur notre santé actuelle et sur les allergies.Quant au Pr Gideon Lack, il va nous rappeler l’historique du « rhume de foin » décrit en 1819 par John Bostock et si peu fréquent il y a un siècle. Dans un autre domaine , une équipe composée de Thomas Maréchal (Professeur en immunopathologie à l’Université de Liège) et Philipp Starkl (chercheur à l’université de médecine de Vienne) désirent percer le mystère du rôle des IgE spécifiques face aux attaques de venins chez l’homme.

La musique et les animations

Il faut avouer que si tous les cours d’immunologie étaient dispensés sous la forme des animations du documentaire, cela serait plus facile à comprendre. Comme le précise la réalisatrice : »Il a fallut dans un premier temps comprendre le mécanisme de la formation des IgE spécifiques. Ensuite les séquences sont conçues et story-boardées par l’artiste espagnol Juan Carlos Beneyto . Quant aux mouvements, ils sont créés par Clorinde Baldassari. Parallèlement, nous avons fait valider ces séquences deux fois par des scientifiques ».

La musique additionnelle de Florence Caillon accompagne agréablement chaque séquence. Hormis le contenu scientifique C. Dannoritzer ajoute » le documentaire doit hypnotiser le spectateur autant par l’image que par la musique« . Pari réussi

Mais qui est Flocky ? La réponse est dans le pré-générique

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Photos : © agence Découpages « Un monde d’allergiques ».

Allergologue,insatiable curieuse et passionnée, j'écris sur l'allergie classique et insolite. J'aime livrer des infos accessibles pour tous et soulager le quotidien des allergiques. Mon dernier ouvrage s'intitule "Les nouvelles allergies comment les reconnaître " aux éditions du Rocher.

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