Partager la publication "Anaphylaxie après un repas au restaurant : les allergologues réagissent"
Récemment en France, a débuté le procès d’un restaurateur. Il y a quelques années, une de ses clientes décède suite à une anaphylaxie sévère liée à une allergie alimentaire . L’étiquetage obligatoire ( ADO) fait parfois défaut. Qu’en est-il dans la législation ? Quid des allergènes émergents ? Voici un tour d’horizon avec l’aide de spécialistes allergologues.
Jugement en cours en France
Le 8 janvier 2024, le gérant d’un restaurant asiatique est jugé en France pour homicide involontaire. Pour reprendre le contexte, il faut revenir quelques années en arrière. En 2019, une jeune cliente allergique à l’arachide meurt après avoir ingéré dans son établissement, une bouchée de rouleau de printemps contenant de la cacahuète . Verdict attendu pour février 2024.
Un cookie meurtrier aux USA
Le problème de l’étiquetage alimentaire malheureusement, ne touche pas que notre continent. En effet, le 11 Janvier 2024, une jeune danseuse anglaise allergique à l’arachide décède suite à une anaphylaxie sévère après ingestion d’un cookie. La raison en est un défaut d’étiquetage de ce gâteau, où la présence d’arachide dans les ingrédients n’apparaissait pas. Cela se passe aux Etats-Unis, la jeune femme faisait partie d’un troupe de danse américaine. Aux USA 9 allergènes sont à étiquetage obligatoire. L’arachide en fait partie.
Appliquer la législation
Le docteur Édouard Sève, président du Syfal ( Syndicat français des allergologues) précise
« Depuis 2015 en France, la législation impose un étiquetage particulier pour tous les aliments préparés ou vendus en vrac. Il s’agit des aliments du supermarché ou achetés en vrac chez un petit commerçant. Il faut ajouter à cela les plats servis au restaurant ou dans une cantine scolaire . Lorsque le produit contient un ou plusieurs des 14 ADO (allergènes à déclaration obligatoire) ou un de leur dérivé (gélatine de poisson par exemple), sa mention dans la liste des ingrédients est impérative. Elle se signale soit en caractères gras ou souligné. Cette liste doit être sur l’étiquette s’il s’agit d’un plat préparé, à proximité s’il s’agit d’un aliment en vrac, ou sur le menu au restaurant par exemple. Cette législation s’applique à l’ensemble de la communauté européenne. »
Coté restauration, le Dr Sève stipule que « même si un plat n’a pas été préparé sur place, le restaurateur doit s’enquérir de cette liste et l’afficher dans son établissement. Il est bien précisé que le consommateur ne doit pas avoir à chercher ou demander la liste. Celle-ci doit être visible facilement. De plus, la vente à distance n’échappe pas à la législation et doit répondre aux mêmes exigences ».
Par contre, les mentions « peut contenir des traces » ou « fabriqué dans un atelier qui utilise telle chose » n’ont aucun encadrement juridique et sont de l’initiative du fabriquant.
« Le Syfal travaille en lien avec les pouvoirs publics et les associations de patients pour améliorer ces problématiques« ajoute le Dr Sève.
Qu’en est-il des allergènes émergents ?
Un allergène émergent est défini par l’ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) comme un allergène correspondant à 1 % ou plus des anaphylaxies sévères en France, enregistrées par le RAV ( réseau allergo vigilance), ou s’il présente un risque de réaction croisée moléculaire avec un allergène appartenant à la liste des allergènes à déclaration obligatoire. Actuellement, ils sont au nombre de 8 :
Les lait de chèvre et de brebis, le sarrasin, le pignon de pin, le pois blond, les lentilles, le kiwi, l’alpha galactose des viandes de mammifères et les produits de la ruche .
Le Dr Edouard Sève nous délivre des informations capitales à leur sujet :
La semaine mondiale de l’allergie
Pour la deuxième année consécutive, le Syfal organise en France la semaine de l’allergie du 24 au 29 juin 2024 . Cet événement fait écho à la semaine mondiale de l’allergie de la World allergy organisation ( WAO) . L’allergie alimentaire est le thème choisi cette année. Le Docteur Séverine Fernandez, vice-présidente du Syfal nous en trace la ligne directrice.
Sources
procès du restaurateur chinois
Photo : Freepik