Ne riez pas. un lecteur d’Oasis Allergies nous a interpellé à ce sujet. « quand je bois beaucoup d’alcool, je vomis, est ce que ça pourrait être une allergie ? ». Alors une allergie peut-être pas, mais une intolérance c’est possible. On vous explique tout sur l’allergie à l’alcool qui n’en est pas une et qui vous fait vomir.
L’allergie à l’alcool est plutôt une intolérance du système digestif qu’une réponse du système immunitaire. Elle n’en est pas pour le moins authentique. Le système digestif ne parvient pas à décomposer les molécules d’alcool en fractions plus simples pour pouvoir les assimiler, car il ne comporte pas ou peu d’un groupe d’enzymes appelés aldéhydes déshydrogénases (il y en a 19 différentes). Cette intolérance entraîne une série de symptômes très désagréables qui obligent les personnes qui en sont atteintes à éviter les boissons alcoolisées, sous peine de vomir abondamment. Sans parler du mal de tête souvent carabiné et des rougeurs qui apparaissent sur le corps. Ce phénomène atteint plutôt les personnes d’origine asiatique d’où son nom « Asian flush syndrome ». Faut-il le confondre avec l’état pâteux des lendemains de fêtes ? Non. La gueule de bois n’est pas un symptôme d’allergie à l’alcool ;-).
Allergie à l’alcool, que se passe-t-il dans le corps ?
En cas d’intolérance ou allergie à l’alcool, le corps ne parvient pas à assimiler les boissons ou les médicaments qui contiennent des molécules d’alcool et particulièrement de l’éthanol.
À la consommation de ces produits, la personne ressent des symptômes très variés, associés ou isolés dont : nausées, vomissements, douleurs abdominales, diarrhées, flush au visage, bouffées de chaleur, sueurs, urticaire et démangeaisons des extrémités (mains, pieds, oreilles), gonflement de la muqueuse nasale, écoulement nasal, sensation de nez bouché, œdème des paupières et des lèvres, démangeaisons, prurit du torse, des fesses et des cuisses, maux de tête, migraine, vertiges, palpitations, tachycardie, chute de tension.
On ne vous vendra pas du rêve contre l’intolérance ou allergie à l’alcool il n’y a qu’un remède : l’éviction.
Heureusement ces deux dernières années les brasseurs ont fait des progrès incroyables sur les bières sans alcool et j’avoue, la Guiness 0% est très satisfaisante à boire cul sec par grande chaleur, sans en payer l’ivresse.
L’intolérance à l’alcool ne se soigne pas avec un médicament. Il faut éviter les produits alcoolisés. En fonction de la quantité d’aldéhydes déshydrogénases, la personne atteinte peut en supporter une petite quantité. C’est elle qui, en faisant des essais et en commettant des erreurs, trouvera la boisson qu’elle tolère et en quelle quantité. En effet, tous les alcools ne sont pas assimilés de la même façon et il est possible de mieux supporter un alcool dit fort, comme le whisky, qu’un alcool dit doux comme un vin cuit, les autres composants de ces boissons interagissant.
Allergie ou intolérance à l’alcool : il y a d’autres pistes à explorer
Histamine et sulfites
L’intolérance à l’alcool peut parfois en cacher une autre : une intolérance aux sulfites, des conservateurs naturellement présents ou ajoutés dans le vin, ou une intolérance à l’histamine, également présente naturellement dans certains aliments et boissons (chocolat, café, vin, saumon, fromages). Je vous en ai déjà parlé avec l’allergie au chocolat :
Allergie au vin, un monde à part
L’allergie au vin est un peu spécifique car cette boisson issue de raisin fermenté contient d’autres substances potentiellement allergènes :
Des sulfites, présents naturellement dans la peau du raisin ou ajoutés par le vigneron au moment de la mise en vieillissement en tonneau de bois, ou versés directement dans une cuve en inox ;
Du blanc d’œuf, de la gélatine de poisson pour clarifier le vin que le vigneron utilise en poudre pour précipiter les impuretés naturelles du vin au fond de la cuve et avoir un vin parfaitement translucide ;
Des LTP, ce sont des protéines de réserve et de combat présentes dans de nombreux végétaux à pépins, dont les raisins. Malgré les transformations de jus en vin, les LTP restent présentes et peuvent provoquer des symptômes d’allergie, mais aussi d’allergie croisée avec la pêche et la cerise.
Une nouvelle règlementation sur l’étiquetage des vins est entrée en vigueur depuis le 8 décembre 2023. Elle concerne entre autre, l’obligation d’affichage de la présence de l’un ou plusieurs des 14 allergènes obligatoires.
L’effet antabuse, un mélange détonant
C’est un effet bien connu des médecins pour le sevrage alcoolique. Un médicament antabuse provoque une réaction de vomissement lors de la prise d’alcool, il a été utilisé comme remède à l’alcoolisme . Mais certains médicaments ont un effet antabuse de façon secondaire. Ils n’ont pas été conçu pour cette fonction. C’est le cas de certains médicaments antidiabétiques. Aussi, il ne faut pas prendre à la légère les mentions sur les notices d’utilisation des médicaments de ne pas boire d’alcool en même temps. L’effet antabuse est là pour vous tacler. Les patients tout déconfits se précipitent chez l’allergologue pour vérifier une allergie… au médicament.
Le genre et l’âge
Les femmes semblent plus souvent intolérantes à l’alcool que les hommes. Après 60 ans, l’assimilation de l’alcool est plus difficile. En vieillissant, on consomme davantage de médicaments pour soigner l’hypertension ou des maladies cardio-vasculaires. Ces médicaments peuvent interagir avec la prise d’une boisson alcoolisée comme on l’a vu plus haut.
Le syndrome coprinien
Certains végétaux sont antabuses. C’est le cas d’un champignon rigolo du bord des chemins, le coprin noir d’encre Coprinus atranmentarius. Il est délicieux quand il est cueilli jeune et cuisiné dans une poêlée. Problème, son mariage avec l’alcool donne un effet toxique. Le consommateur est très malade avec les symptômes de l’intolérance à l’alcool déjà décrits plus haut. Cerise sur le gâteau : même une consommation d’alcool plusieurs jours après avoir mangé ces champignons peut provoquer l’intoxication.
Boire sans alcool
On trouve de plus en plus souvent des boissons désalcoolisées. Elles sont élaborées de façon traditionnelle. Leur degré d’alcool est ensuite abaissé par pasteurisation et congélation. Les boissons issues du cidre ou du vin comportent un très faible degré d’alcool, environ 0,5 %. Ce qui peut être tolérable pour la plupart des allergiques. Attention, nombre d’entre elles contiennent néanmoins des sulfites.
Le site dédié www.boisson-sans-alcool.com vous conseille sur une multitude de boisson sans alcool, gin, whisky, vin, mais aussi sodas comme le ginger beer que j’ai découvert en Afrique du Sud.
Les fabricants de bière proposent tous dans leur gamme une version sans alcool. Les mètres linéaires des brasseurs en surpermarchés ont été multiplié par 8 en 5 ans. Preuve qu’on en consomme déjà régulièrement.
Il y a des gourous naturopathérapeutes qui proposent des décoctions de racines de kudzu pour le sevrage alcoolique. Franchement, il vaut mieux consulter un médecin addictologue !
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