Actuellement, la nouvelle série policière sur France 2 « César Wagner » enregistre un gros succès d’audience. Les allergies alimentaires sont de la partie dans l’intrigue de l’épisode 3. Un des scénaristes a accepté de répondre à mes questions sur ce choix.
« Sombres desseins »
Sacrément hypochondriaque, le capitaine César Wagner, incarné à l’écran par l’acteur Gil Alma, doit trouver l’assassin de deux personnes mortes à quelques heures d’intervalle. Pour le premier décès, le meurtre ne fait aucun doute. Il n’en est pas de même pour le second , celui de Leila Shakur, classé initialement dans la catégorie accident. Suite à de nombreux rebondissements, nous apprenons que les victimes se connaissent et évoluent dans le milieu de l’art.
Le corps de la jeune galeriste git, sans vie, au pied d’un escalator. La première cause évoquée est celle d’une chute mortelle. Cependant lors de l’étude du contenu du sac de la victime, les policiers trouvent un stylo auto injecteur qui se révéle, dans un deuxième temps, contenir de l’adrénaline. Ensuite l’autopsie réalisée par la médecin légiste Élise Beaumont (interprétée par Olivia Côte) révèle la présence d’un œdème laryngé, signe d’une allergie sévère pouvant expliquer la chute. Même si l’anaphylaxie n’est pas véritablement citée, elle est sous entendue par les conséquences qu’elle engendre.
Quelques petits arrangements avec la réalité
Rappellons, qu’il s’agit bien là d’une fiction qui se doit d’utiliser des raccourcis. Il faut avouer que cette intrigue à tiroir ajoute un certain piment au scénario. L’allergène caché en l’occurence l’arachide déposé sur le rebord du verre d’alcool, le choc anaphylactique sévère sont autant d’éléments chronologiques qui tiennent en haleine le spectateur. Si la victime possède un stylo auto-injecteur dans son sac, elle doit avoir un allergologue. Mais comme le précise, à juste titre, Eric Vérat , l’un des scénaristes de la série « il est évident que le temps d’une enquête télévisuelle n’est pas celui d’une enquête judiciaire dans la vraie vie ». Il ajoute « pour résumer, nous devons marcher sur une ligne de crête entre réalité et efficacité du récit. »
Entretien avec un auteur
Mon choix de spécialité: l’allergologie est, entre autres raisons, lié à ma passion pour les romans et films policiers . « Téléphage inconditionnelle », je me suis toujours posée certaines questions sur les choix de scénarios encore plus lorsque l’allergie est au menu. Je ne vous cache pas mon immense plaisir lorsque l’un des auteurs de « César Wagner » , Éric Vérat a accepté d’y répondre.
Allergie alimentaire
C. Quéquet :Pourquoi vous êtes vous orientés avec votre acolyte Sébastien Paris vers le choix de l’allergie alimentaire?
E.Vérat « le thème de l’allergie alimentaire s’est imposé naturellement. Nous cherchions une mort qui puisse passer pour un éventuel accident ou un suicide. Et l’idée que cette personne aie pu avoir un malaise du à une allergie a fait sens. Nous avons pris les arachides car, aux dires de notre consultant, il n’y a pas plus courant et pas pire. Ce qui constituait une clé intéressante. On ne cherchait pas une pathologie trop compliquée. D’autant que dans l’autre affaire, une allergie plus complexe devait se déclarer ».
D’où viennent vos sources ?
C. Quéquet : On peut-être influencé par une personne allergique dans son entourage, un article dans un quotidien sur ce thème. Est- ce le cas pour vous ?
E. Vérat : « Nous lisons pas mal de choses (souvent du domaine du fait divers parfois médical) et travaillons les histoires en fonction de choses que nous connaissons ou découvrons. Ici, rien de très direct mais le syndrome de Schmidt (maladie endocrinienne) de l’épisode 2 vient de mon expérience familiale proche »
Des conseils scientifiques
C. Quéquet :Vous faites vous aider par un médecin?
E. Vérat: « Notre professeur de médecine légale est à même de nous parler de beaucoup de choses. Il est lui-même auteur de roman donc il a bien compris qu’on ne cherchait pas la complexité (ce dont on pourrait avoir besoin dans une série plus médicale ou une mini-série retraçant un scandale de santé par exemple) mais plutôt des cas médicaux assez clair parfois un peu remaquillé pour la bonne cause du prime-time ».
Le petit plus .. l’eczéma
C. Quéquet : Au cours de l’intrigue César Wagner présente une dermatose de contact à une substance. Ce n’est pas commun comme cause, tout du moins avec ce métal. Qu’est ce qui a motivé un tel choix?
É. Vérat: » C’est notre consultant qui nous a proposé cette dermatose de contact au métal. On devait avoir un lien entre plusieurs personnages. Et l’épisode se déroulant dans le monde de l’art, il fallait que ça ait un lien avec le matériel de création. Et de fil en aiguille on a opté pour le cobalt. Tout ça n’a rien de scientifique. L’idée est de rendre notre parcours d’enquête balisable pour le plus grand nombre. »
C. Quéquet; Le choix du cobalt est judicieux. Rappelons qu’il fait partie de pigments bleus utilisés dans les peintures.
Un grand merci à Éric Vérat pour ces éclaircissements et pour la photo illustrant cet article