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Le choc anaphylactique, urgence absolue de l’allergie

Le choc anaphylactique, urgence absolue de l’allergie Posted on 1 décembre 2024Leave a comment

Le choc anaphylactique

on l’appelle également anaphylaxie.

La réaction d’allergie la plus grave, la plus inquiétante, la plus redoutée. Elle est le cumul de plusieurs atteintes d’organes, la généralisation du problème allergique, le moment du combat pour la vie, contre la mort. Allergique.org, a récemment fait un article pour montrer qui est à risque d’allergie sévère.

Mon fils m’a raconté, que lors d’un de ses chocs anaphylactiques les plus violents, il se sentait disparaître, paisible, sans force et qu’il a dû lutter contre lui-même pour revenir, ne pas se laisser mourir. Il a fait appel à sa volonté profonde : vivre.

J’avoue que je n’aimerai pas du tout être un allergologue dont le fils serait mort d’une allergie. Je suis devenu allergologue pour lui éviter ça, ne pas y arriver serait terrible.

L’anaphylaxie c’est la généralisation de l’allergie. Elle survient de quelques minutes à quelques heures après le déclenchement de la crise d’allergie.

L’atteinte respiratoire y est fréquente, cardio-vasculaire également, cutanéo-muqueuse ou et digestive parfois.

C’est donc surtout la crise d’asthme associée à l’instabilité du rythme du coeur et de la tension artérielle qui dominent mais les plaques sur la peau, le gonflement des yeux, du visage, les douleurs abdominales accompagnent les formes les plus complètes.

3 européens sur 1000 feront une anaphylaxie dans leur vie.

Entre 2 et 8 personnes sur 100 000 feront un choc anaphylactique dans l’année. Ce score augmente d’année en année.

L’arrêt cardiaque survient généralement en 30 minutes pour les aliments, 15 minutes pour les piqûres d’hymênoptères et en 5 minutes pour les médicaments injectés.

Il y a vraiment urgence.

Les aliments tuent surtout entre 10 et 30 ans, les venins et les médicaments autour de 60 ans.

Les causes d’anaphylaxie sont variables selon les pays mais sont toujours dans ces trois groupes: aliments, venins, médicaments.

Pour les aliments (65% des enfants, 25% des adultes) ce sont le lait, l’oeuf, les différentes noix, la cacahuète et les crustacés qui sont le plus souvent en cause mais avec l’augmentation du nombre d’allergiques et les aussi nombreuses réactions croisées, il y a une diversification importante à attendre avec, je pense, une augmentation des cas liés aux épices et aux légumineuses.

De 2002 à 2015, le réseau d’allergovigilance a recensé 53 cas d’anaphylaxies survenues durant le temps scolaire et il y a malheureusement eu deux décès.
Les deux étaient allergiques aux protéines de lait : chèvre et vache.

Dans l’excellent livre d’Habib Chabanne sur les allergies alimentaires, une étude Espagnole montrait que dans 22% des cas une anaphylaxie survenait en raison d’un allergène masqué.
C’est à dire qu’il n’était pas indiqué dans les ingrédients.

La mise en place des projet d’accueil individualisé a beaucoup aidé à la bonne prise en charge des enfants allergiques à l’école.

Je crains toutefois que les dernières versions proposées, par leur complexité et leur nombre de pages à remplir et signer par de si nombreux intervenants, ne nuisent à la bonne prise en charge de cette urgence vitale.
J’espère me tromper.

Pour les venins, 20% des enfants et 48% des adultes, ce sont les abeilles et les guêpes les coupables. Mais attention, le venin est lui-même mortel : toutes les réactions ne sont pas allergiques. S’il n’y a pas d’allergie l’adrénaline ne sert à rien : c’est une envenimation.

Enfin, concernant les médicaments, 5% des enfants et 22% des adultes, ce sont le antibiotiques qui arrivent en première position suivis des anti-inflammatoires non stéroïdiens.

Comment ça marche l’anaphylaxie?

C’est notre prix Nobel de 1913 Charles Richet qui en 1901 a étudié ce phénomène à l’institut océanographique de Monaco.

Il en donnait la définition suivante: « Nous appelons anaphylactique, au contraire de phylaxie, la propriété dont est doué un venin de diminuer et non de renforcer l’immunité, lorsqu’il est injecté à des doses non mortelles »

En bref, il avait constaté qu’en voulant vacciner des chiens contre un venin de méduse, certains d’entre eux mourraient alors qu’ils n’en recevaient que de faibles quantités en principe non mortelles.

Il a mis en évidence un produit dans le sérum qu’il a appelé réagine, c’était le futur anticorps de type E qui vaudra un autre prix Nobel à une Japonaise : Teruko Ishizaka en 1966.

Cet anticorps de type E reconnait un motif précis, on parle d’un épitope, sur une molécule, on parle d’allergène.

Si cet anticorps est présent en quantité sur les récepteurs des mastocytes, des cellules de défense présentent dans nos muqueuses, il peut les activer au contact de l’allergène.
L’activation en cascade des mastocytes induit une généralisation de la réaction avec atteinte des différents organes.

De manière schématique, le sang quitte la circulation sanguine pour venir faire gonfler les organes atteints, la tension chute, le coeur accélère pour compenser et se désamorce : paf, c’est le choc.

Evidemment ce n’est pas exactement comme ça hein, je vous ai fait en trois lignes un résumé de ce qui occupe des pages d’études de physiologie. Mais ce sera suffisant pour aujourd’hui.

Parfois l’anaphylaxie n’en est pas une : c’est une crise de panique, une crise d’asthme isolée, une envenimation, une intoxication alimentaire, un oedème à bradykinine. Il faut corriger le diagnostic.

Un dosage de la tryptase sanguine à réaliser entre une demi-heure après le début de l’épisode et deux heures permet d’argumenter en faveur d’une anaphylaxie.

Cette enzyme est stockée dans les mastocytes et sa libération dans le sang est un bon témoin de l’activité de ceux-ci.

On fera un 2e dosage 24h après pour avoir un niveau de base à comparer.

Les facteurs favorisants l’anaphylaxie

nous en parlons presque à chaque épisode, en dessous de la présence d’une certaine quantité d’allergène il ne se passe rien.
Pour chaque individu il y a une dose seuil qui va déclencher la réaction anaphylactique.

Alors facile, moi c’est 5 cacahuètes et toi 2 ok. Facile.

Trop facile oui.

Il y a une zone de flou dans la dose seuil qui va déclencher parce qu’il y a de facteurs que l’on dit « favorisants ». ils diminuent la dose seuil nécessaire, celle qui déclenchera la crise.

C’est par exemple l’effort physique avec l’anaphylaxie d’effort qui est habituellement au blé pour les français et à la tomate pour les italiens mais c’est aussi la consommation d’alcool qui augmente la perméabilité digestive comme la prise d’aspirine ou d’anti-inflammatoires, c’est la présence d’un ulcère gastrique, une gastro-enterite non encore guérie ou la prise de médicaments comme les betabloquants ou les inhibiteurs d’enzyme de conversion.

La dose habituellement bien supportée ne passe plus, hop c’est le choc.

Bon, on y est là : je choc, alors je fais quoi?

Le seul traitement du choc anaphylactique c’est l’adrenaline. Plus vous réagirez vite, plus vous injecterez sans état d’âme votre adré dans votre cuisse plus vous aurez de chance de survie.

Vous sentez que vous faites une crise d’allergie forte, que celle-ci touche plus de deux organes : le souffle, la peau, le tube digestif ou un seul avec une sensation de malaise.

Vous dégainez votre stylo d’adrénaline et vous piquez dans la cuisse sur le côté extérieur et après, seulement après, vous appelez les urgences : le 15 ou le 112 sur votre téléphone.

  • Et mon anti-histaminique? il ne vous sauvera pas.
  • Et ma cortisone? Il vous fera dégonfler dans une demi-heure, vous serez déjà mort
  • Et ma ventoline? Prenez la après avoir piqué, de toute façon vous l’avez déjà prise, je le sais.
  • Et après? Après vous attendez les secours, votre 2e stylo à la main. Vous devez être bien au bout de dix minutes, sinon vous repiquez.

Aux urgences ils vous surveilleront et si vous n’avez pas de signe de gravité ils vous renverront chez vous en quelques heures, ou en quelques jours si vous avez des signes de gravité persistants.

Ce sera le moment de prendre rendez-vous avec l’allergologue pour débriefer : c’est quoi? Pourquoi? Ai je bien géré? Puis je être meilleur?

il n’y a pas d’urgence à le voir : après un épisode anaphylactique il n’y a pas de bilan avant six semaines sous peine de risque de faux négatif.
Vous avez été secoué, vos cellules aussi : laissez vous du temps.

En résumé,

  • le choc anaphylactique c’est une urgence absolue.
  • Si ça vous arrive à vous ou autour de vous il y a urgence à injecter de l’adrénaline. Vous n’appelez les secours qu’après : le 112 ou le 15.
  • Les autres médicaments ne sont que des grigri : oubliez les.
  • Les stylos d’adrénaline sont largement prescrits aux allergiques à risque, ils doivent toujours en avoir à disposition.
  • Après la crise il faudra débriefer avec un allergologue mais cette fois ce n’est pas urgent : laissez votre corps récupérer.

Dans le prochain épisode, nous parlerons des acariens.

Merci à vous les amis, prenez soin de vous.

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