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Novembre : un nouveau PAI pour les enfants allergiques alimentaires à l’école

Journaliste, j’ai un goût prononcé pour les domaines de l’alimentation et de la santé avec une spécialité dans les sciences du vivant. L'allergie est une longue histoire dans ma vie, une planète sur laquelle j'écris, sur laquelle je vis, depuis 17 ans maintenant.
Novembre : un nouveau PAI pour les enfants allergiques alimentaires à l’école Posted on 26 novembre 201812 Comments
Journaliste, j’ai un goût prononcé pour les domaines de l’alimentation et de la santé avec une spécialité dans les sciences du vivant. L'allergie est une longue histoire dans ma vie, une planète sur laquelle j'écris, sur laquelle je vis, depuis 17 ans maintenant.

Il est dans les tuyaux depuis bientôt 2 ans. Le NOUVEAU projet d’accueil individualisé (PAI) entrera en vigueur en juin 2019. En attendant, certaines écoles sont en phase test, comme à l’institut Sainte-Marie à Belfort (90), qui réunit 1600 élèves de la maternelle au lycée.

Sources : RAFT, ISM

C’est encore un document de travail, mais très près de sa version finale. Nous vous livrons ici, en avant-première, les principales nouveautés. Il faut dire qu’aujourd’hui encore on s’appuie sur celui de 2002. Autant dire que l’allergologie a fait des bonds depuis tout ce temps, et que le nombre d’enfants et adolescents allergiques alimentaires n’a cessé de croître.

Un PAI qu’est-ce que c’est ?

Le projet d’accueil individualisé est un document créé pour permettre d’accueillir les enfants porteurs d’une maladie chronique dans les meilleures conditions possible à l’école. Le but est que les enfants suivent une scolarité normale, malgré leur maladie et les soins qu’elle nécessite.

Dans le cas des allergies alimentaires les soins sont les suivants :

  • La prévention qui passe par l’éviction de l’allergène
  • La garde d’une trousse d’urgence à proximité immédiate de l’enfant dans toutes ses activités
  • L’utilisation du stylo d’adrénaline en cas de réaction allergique sévère

Un enfant allergique alimentaire est en parfaite santé tant qu’il n’ingère pas l’aliment qui provoque une réaction allergique. Il est comme tous les autres enfants avec une différence « invisible » !

Un groupe de travail « allergie alimentaire à l’école » composé de médecins allergologues et dirigé par le Dr Guillaume Pouessel des centres hospitaliers de Lille et Roubaix, a travaillé avec la médecin conseillère technique de l’Éducation Nationale Brigitte Moltrecht et la société Française des médecins de l’Education nationale (SOFMEN).

Il faut dire qu’avec les progrès de l’allergologie, l’évolution de la législation sur l’étiquetage des denrées alimentaires mais aussi de dramatiques réaction allergiques à l’école, il était temps de remettre à plat certains fondamentaux. Faire bouger les priorités et remettre au coeur de la négociation le bien-être de l’enfant… et sa sécurité ! Force est de constater que ces dernières années, aux dires des parents, les enfants allergiques alimentaires étaient victimes de toutes sortes d’exclusion. L’ignorance, la peur, mais aussi l’interférence entre anciennes croyances et nouvelles données ont paralysé le dialogue.

Les chiffres révélateurs des écoles du Doubs

Le réseau d’allergologues de Franche-Comté (RAFT) est particulièrement actif en matière d’information sur les allergies alimentaire. En 2017, une passionnante thèse réalisée par Aude Moesch, étudiante en médecine,  sur la problématique de l’accueil des enfants allergiques en milieu scolaire, a permis de poser une réalité par les chiffres sur le département du Doubs.

Un questionnaire en ligne a été adressé à 482 écoles ayant des classes de maternelle à CM2. Vingt pour cent d’entre-elles ont répondu (ce qui est bien !).

  • 33 % des écoles ayant répondu accueillent des enfants allergiques alimentaires.
  • 58 % des enfants allergiques alimentaire ont une trousse d’urgence
  • 67 % des enseignants participent à la réunion d’organisation du PAI
  • 78 % des enseignants bénéficient d’une formation sur l’administration des médicaments par le médecin scolaire

TOP 8 des allergies alimentaires des élèves

  1. 105 cas d’allergie aux fruits à coque
  2. 80 cas d’allergie à l’arachide
  3. 58 cas d’allergie à l’œuf
  4. 53 cas d’allergie au lait
  5. 17 cas d’allergie aux crustacés
  6. 14 cas d’allergie au kiwi
  7. 9 cas d’allergie aux mollusques
  8. 8 cas d’allergie au poisson

À noter que certains élèves cumulent plusieurs allergies.

Conduite en état d’urgence

À la question « que faites vous en cas de réaction allergique grave ? »

  • 25 % des enseignants appellent le 15 (SAMU)
  • 5 % appellent le 18 (Pompiers)

64 % suivent le protocole d’urgence inscrit dans le PAI

À noter que 80 % des enseignants perçoivent le PAI comme un document utile, 50 % comme un document rassurant, 30 % comme un document stressant et 40 % comme un document adapté (le panel des réponses était multichoix).


Un nouveau PAI en deux parties

Dès la rentrée prochaine, le nouveau PAI sera composé d’une première partie administrative et factuelle :

PAGE1

  • Énoncés des parties prenantes, Elèves, parents de l’élève, avec leur coordonnées, celles de l’allergologue et du médecin traitant.
  • Signature datée des parties prenantes : NOUVEAUTÉ : l’élève signe aussi !
    Le personnel de la cantine, l’enseignant peuvent aussi apposer leur signature
  • Un engagement du représentant légal de l’enfant :Je soussigné……………………………………………………….., père, mère, représentant légal, demande pour mon enfant la mise en place d’un Projet d’Accueil Individualisé à partir de la prescription médicale et/ou du protocole d’intervention du Docteur ………………………..J’autorise que ce document soit porté à la connaissance des personnels en charge de mon enfant dans l’établissement d’accueil : crèche, école, cantine, temps périscolaire. NOUVEAUTÉ : les parents demandent expressément qu’on applique les recommandations du docteur qui suit l’enfant (voir fiche de liaison). C’en est fini des interprétations.

PAGE2

Elle nomme les allergies de l’enfant (et les aliments à éviter) résume l’essentiel des médicaments efficaces dans la trousse d’urgence avec un champ libre pour leur nom.

  • ADRÉNALINE :……………………….………………………………………….………………………….
  • BONCHODILATATEUR :……………………….………………….……………………….………
    +CHAMBRE D’INHALATION : ……………………….………………………………………………
  • ANTI-HISTAMINIQUES :……………………….………………………………………

La mention de la chambre d’inhalation est importante car quelque soit l’autonomie de l’enfant, on multiplie les chances de correctement administrer le produit avec cette appareil.

NOUVEAUTÉ : Les QR codes des 4 stylos d’adrénaline sont indiqués à côté de leur procédure d’utilisation en image.

PAGE3

Une fiche réflexe pour reconnaitre la gravité d’une réaction allergique et la conduite à tenir.

NOUVEAUTÉ :

  • On parle d’abord des symptômes graves !
  • On pique d’abord, on appelle le SAMU ensuite.

Quelle que soit la gravité de la réaction on prévient les parents et ça c’est bien de l’écrire !

On aurait aimé un croquis pour expliquer les symptômes de façon visuelle. Et puis la phrase « injecter dans la face antéro-externe de la cuisse » nous, on trouve ça compliqué comme mots.

La fiche de liaison

la deuxième partie sera une fiche de liaison à remplir entre la famille et le médecin de l’enfant, avant de se rendre à l’école pour remplir le PAI partie administrative.

C’est une belle nouveauté que cette fiche qui va vraiment débroussailler les limites de chacun et donner du sens à l’accueil de l’enfant en tant qu’individu, avec ses particularités.

Ce document relate de façon synthétique et claire, tous les possibles et aide à la rédaction du PAI . Il est rempli par le médecin prescripteur de l’enfant et remit au médecin scolaire par l’entremise des parents. Il est daté car susceptible d’évoluer en fonction de la guérison de l’enfant.

Des précisions simples sont apportées :

  • Les aliments sont sur la liste des 14 allergènes à déclaration obligatoire, ou pas
  • La consommation est possible sous forme cuite ou pas

La consommation des produits portant les mentions d’étiquetage de précaution telles que « peut contenir des traces de … », « a été fabriqué dans un atelier pouvant…. » ne pose pas de problème et ne doit pas faire l’objet d’une éviction des produits incriminés

  • On précise en cas d’allergie au lait si le lactose est autorisé, en cas d’allergie à l’arachide si l’huile est autorisée, en cas d’allergie au soja si la lécithine est autorisée.
  • On précise si l’enfant à une trousse d’urgence ou pas et son contenu.

NOUVEAUTÉ : il est estimé l’autonomie de l’enfant dans la gestion de l’éviction et de l’urgence allergique à travers un questionnaire.

Cette fiche de liaison rappelle en passant les obligations du règlement INCO en matière d’étiquetage des menus avec la mention des 14 allergènes à déclaration obligatoire.

Les modalités de substitution en cas de problème à la cantine sont également abordés.

Cette partie du document est encore perfectible et le groupe de travail « allergie alimentaire à l’école » continue d’y travailler.

Une phase test pour avoir du feed-back

Le Réseau des Allergologues de Franche ComTé (RAFT) s’est saisi de cette version provisoire pour la soumettre à un établissement d’enseignement privé en Franche-Comté, de grande capacité puisqu’il accueille 1600 élèves de 3 à 18 ans. Situé à Belfort dans le Territoire éponyme, l’institut Sainte-Marie fait appel à Elior pour sa restauration collective.

L’établissement scolaire a accepté d’essayer cette version test et franc-comtoise du futur PAI sur tous les nouveaux élèves allergiques alimentaires qui se sont inscrits cette année. par prudence, il n’a pas été jugé utile de refaire les PAI de tous les élèves de l’institut disposant déjà d’un PAI selon le modèle de 2002, arrangé par la RAFT.


Crédits photos : Freepik

Journaliste, j’ai un goût prononcé pour les domaines de l’alimentation et de la santé avec une spécialité dans les sciences du vivant. L'allergie est une longue histoire dans ma vie, une planète sur laquelle j'écris, sur laquelle je vis, depuis 17 ans maintenant.

12 comments

  1. Bonjour,
    Un excellent document clair, simple efficace circule déjà avec une dernière page synthétique sur la conduite à tenir et la manipulation des 4 stylos (mêmes images).
    Depuis 2015, nous sommes beaucoup à l’utiliser.
    Maintenant certains médecins scolaires ne l’acceptent pas et nous renvoient une liasse à remplir dans le plus pur style administratif….
    Il en sera de même de celui-ci s’il n’est pas adopté officiellement sur le plan national…
    Cordialement. Jean-Luc Bouchereau. Allergologue Cholet.

  2. Oui ce document est une œuvre collective et c’est ce qui lui permettra d’être accepté et utilisé par tous. Il y a une volonté forte du médecin technique national de l’EN de collaborer avec les allergologues pour que toutes les écoles utilisent ce qui sera le nouveau PAI.Merci de vos commentaires !

  3. Bonsoir,
    Merci de cette information.
    J’inscris ma fille au collège lundi et je crains la réaction concernant le PAI. La secrétaire m’a déjà envoyé un document de la restauration scolaire indiquant que tout élève allergique doit soit emmener son panier repas, soit commander un plat natama. Aucun repas ne peut être pris en restauration, et ainsi ils décident de ne pas afficher la liste des 14 allergènes car aucun allergique ne mangera leur plat. Je suis choquée 😲

  4. Bonjour Hélène,
    Je suis navrée pour vous car ce n’est pas facile d’argumenter quand les conditions imposées par l’établissement et la restauration collective sont déjà verrouillées. Je vous envoie en message privé un document de la DGCCRF qui pourra peut-être vous aider à demander l’affichage des allergènes selon la règlementation INCO. Courage !

  5. -L’information mentionnée à l’article R. 112-11 n’est pas requise lors de la fourniture du repas, lorsque, dans le cadre de la restauration collective, un dispositif permet à un consommateur d’indiquer, avant toute consommation, qu’il refuse de consommer un ou des ingrédients …..
    Bonjour, l’interprétation du texte dont voici un extrait, par certain prestataire de cantine, a permis de contourner l’information obligatoires des allergènes ….puis que le PAI donne l’information du refus de consommer. C’est comme cela en 74 depuis la rentrée ! Avez vous eu des retour dans ce sens ?
    merci

  6. Je vous communique un extrait d’un courrier émanant de la DGCCRF, questionnée sur le sujet que vous évoquez :
    « Le décret du 17 avril 2015 ne prévoit pas expressément le PAI comme une hypothèse visée à l’article R. 112-14 du code de la consommation. L’article en question n’exonère pas de l’application des dispositions du règlement communautaire les établissements de restauration qui se fonderaient sur le seul rappel aux parents qu’ils peuvent demander pour leur enfant un PAI. Les précautions concernant les allergènes prévus à l’annexe du règlement INCO intitulée « substances ou produits provoquant des allergies ou intolérances » ne nécessitent pas dans tous les cas la mise en place d’un PAI qui reste l’exception et non la règle. Le PAI est un dispositif de santé individualisé qui n’a pas une vocation d’information des consommateurs. Il est plutôt lourd à assurer et ne constitue pas « le dispositif tel que prévu à l’article R.112-14 du code de la consommation issu du décret du 17 avril 2015. Le PAI doit donc s’ajouter et non pas se substituer à ce qui est envisagé à l’article R. 112-14. Les établissements de restauration risquent donc d’être en infraction s’ils se fondent exclusivement sur le PAI en croyant répondre aux exigences du règlement INCO. »

    On peut en déduire que le PAI n’est pas un « dispositif ». Le PAI est une exception, les modalités INCO… une règle.

  7. Bonjour
    Dans ce document l’on ne parle pas des allergies aux pollens, graminées……..
    Ces allergies peuvent provoquer des crises assez impressionnantes.

  8. Bonjour,
    Il y a une information à faire également au niveau des directrices des crèches concernant ces PAI.
    Il ne faut pas que le côté administratif prenne le pas sur le côté pratique visant à aider l’enfant allergique.
    Il ne faut pas non plus transformer ce PAI è un « passeport » permettant à l’enfant de rentrer ou pas dans une structure ! on n’accepte pas l’enfant avec PAI s’il n’y a pas d’infirmière qui peut faire les soins en cas d’urgence, ou bien à l’inverse on n’accepte l’enfant que s’il a un PAI….
    Très souvent et en cas d’urgence, c’est le SAMU qui est appelé en premier avant de faire quoi que ce soit par crainte de mal faire ou d’en faire trop

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