Posted in À LA UNE En vedette

Tout savoir sur l’allergie aux acariens

Tout savoir sur l’allergie aux acariens Posted on 1 janvier 2025Leave a comment

Les acariens sont des arthropodes présents partout sur la planète. Ils colonisent notre peau, nos poussières, la farine, les plantes, les abeilles : une quantité fantastique de biotopes.

Les scientifiques en ont répertorié environ 50.000 espèces mais en réalité ils estiment qu’il existe au moins un million d’espèces différentes.

Si vous êtes écologue : il y a du travail à faire dans ce domaine. La plupart d’entre eux vivent dans notre environnement sans relation agressive avec leurs hôtes mais certains sont plus agressifs que d’autre : c’est le varoa chez l’abeille ou chez nous, humains, la tique et la gale.

Quand on parle d’allergie, c’est plutôt des acariens domestique dont on parle et ceux là ils ne nous ont rien fait, non.

Plein de gens pensent que les acariens, comme les moustiques, viennent les piquer la nuit.

Pas du tout.

Quand vous êtes allergique aux acariens, ce ne sont pas eux qui vous piquent, c’est votre système immunitaire qui estime que certaines des molécules des acariens sont un danger pour vous au point de mettre en place une violente réaction de défense totalement inadaptée : l’allergie.

Chez les médecins allergologues, il y a toujours une fascination pour ces étranges bestioles. Mi-éléphant, mi-rhinocéros tout en étant microscopique.

Lors d’un congrès mondial en 2003, une peluche géante d’acariens géant n’avait tenu que 24h avant d’être démembrée par la joie farouche de tous ces médecins devant leur monstre préféré. Cette année, à Valence, au congrès Européen, le record a été battu : en à peine 6 heures l’acarien géant en plâtre avait perdu une jambe et a fini le congrès protégé par des gardes du corps.

Jusqu’en 1967, les allergologues parlaient d’allergie à la poussière. Aujourd’hui encore, l’idée d’allergie à la poussière reste dans les discours. Mais c’est un ensemble de substrats la poussière, un mélange variable d’une maison à l’autre qui contient les allergènes. Enrichie en pollens en saison, en moisissures au besoin, en allergènes d’animaux comme nous l’avons vu dans un épisode précédent et bien sûr en allergènes d’insectes. C’est là que l’on va retrouver nos fameux acariens mélangés aux débris de blattes, de poisson d’argent, d’araignées diverses et variées. Et parfois les allergènes sont communs entre ces insectes, nous le verrons tout à l’heure.

En 1967, Voorhors et Spieksma mettent en évidence que les acariens pyroglyphides, notamment ceux du genre Dermatophagoïdes, représentent une source majeure des allergènes de la poussière de maison.

C’est la naissance de l’allergie aux acariens.

Dans les régions humides du globe, les acariens sont présents de manière ubiquitaire, et une prévalence élevée de sensibilisations aux acariens est retrouvée dans trois maladies : l’asthme, la rhinite chronique et la dermatite atopique.

En Europe, si les Dermatophagoïdes sont les plus présents dans les habitats urbains, Lepidoglyphus destructor semble être l’espèce dominante en milieu rural avec parfois une présence forte en milieu urbain lorsque l’humidité de l’habitat est élevée.

La durée de vie des acariens pyroglyphides est de trois mois en moyenne.
De l’œuf à l’état adulte, la durée de développement nécessite environ 1 mois, après ils vivent deux mois et meurent. Leur développement est influencé à la fois par l’humidité relative et la température.
Les conditions optimales de développement à 25°C sont : 70 à 80 % d’humidité relative pour Dp et 50 à 60 % pour Df.

Les acariens peuvent se développer néanmoins dans des maisons où l’humidité relative est beaucoup plus basse en colonisant des zones microclimatiques favorables, où l’humidité relative est plus élevée, notamment au niveau des matelas, tapis, moquettes et des meubles rembourrés.

Allergique.org

Ajoutez leur de la nourriture en abondance, et ils prolifèreront d’autant plus.

Les acariens pyroglyphides ont une alimentation simple et bio : ils consomment les moisissures, les débris alimentaires, les débris végétaux. Et non, contrairement à leurs cousins le sarcopte de la gale et les tiques, ils ne vous piqueront pas ni ne vous suceront le sang.

Et je suis allergique à quoi dans ces acariens ?

Les sources des allergènes des acariens sont leurs excréments, leurs sécrétions et les débris des corps des acariens (carapace, muscles). Les allergènes des particules fécales sont des enzymes provenant du tube digestif.

D’autres sources d’allergènes proviennent de la salive et des sécrétions de la glande supracoxale.
Vous n’êtes pas allergiques aux acariens vivant mais aux débris d’acariens morts dans votre poussière, de leur bave et aux restes de leurs excréments.

Alors, oui, j’entends : supprimer le mythe de l’acarien qui vous suce le sang, vous avez aimé. Remplacer ce mythe par l’attaque des acariens zombie couverts d’excréments, ça ne fait pas toujours rêver…

Parlons un instant des trois principaux allergènes : Der p 1, Der p 2 et Der p23

  • Der p 1, comme son cousin Der f 1 avec lequel il partage 85% de sa structure est une cystéine protéase de 25 kDa, c’est-à-dire une enzyme capable de scinder d’autres protéines. Il est présent dans les excréments d’acariens. Cet allergène n’est pas présent chez lepidoglyphus, l’acarien des champs. Il a une forte homologie avec la cystéine protéase du kiwi, de l’ananas ou de la papaye entraînant des possibles réactions croisées.
  • Der p 2, est une molécule du complexe Toll TLR-4 d’environ 15kda. Elle est assez différente de celle de ses cousines Der f 2, Lep d 2 ou Blo t 2 et n’entraîne pas de réaction croisées entre elles. Davantage produite par les acariens mâles, elle est thermo-résistante et présente dans les sécrétions.
  • Der p 23, est une protéine homologue du domaine péritrophine A de 14kda, également présente dans les excrétions des acariens. Elle est importante par son rôle dans les symptômes allergiques et est désormais inclue dans les nouveaux produits de désensibilisation.
  • Il y a bien d’autres molécules allergisantes dans cette soupe d’allergènes. En particulier, les protéines musculaires des acariens, des tropomyosines, qui sont suspectées d’induire des réactions croisées avec les mollusques, peut-être avec les crustacés ou des vers (comme l’anisakis présent dans 30% des poissons sauvages).
  • Enfin, il faut ajouter que les allergènes d’acariens sont largement associés a une vaste gamme de composants microbiens stimulateurs des signaux innés de notre défense immunitaire et c’est peut-être là une des clés de la fréquence de la sensibilisation à ces allergènes.

Et je soigne ça comment?

Le traitement des allergies c’est toujours la même chose : éviction, traitement des conséquences et rétablissement d’une tolérance à des quantités normales d’allergènes.

Pour l’éviction, c’est plus facile que pour le chat : les gens rêvent de se débarrasser des acariens et sont prêts à acheter, acheter plus, acheter encore pour tuer, massacrer, éviscérer ces infâmes suceurs de…

On se calme.

Ils ne vous piquent pas, ne vous sucent pas le sang.

Ils font leur job d’acarien : manger, se reproduire, trouver des milieux favorables à la dispersion de leurs gênes. Donnez leur des conditions défavorables et vous aurez fait l’éviction raisonnable : celle qui devrait permettre à la plupart d’entre nous de passer en dessous de la dose seuil, celle qui déclenche les crises. Il n’y aura plus qu’à gérer les changements de concentration d’allergènes d’acariens entre les différents habitats par une prise préventive d’anti-histaminique et l’équilibre sera durable.

Ok, mais je peux acheter quand même? Un peu? Un truc ou deux?

  • Les produits acaricides (ça veut dire qui tuent les acariens) distribués par différents fournisseurs ont une efficacité modérée dans l’allergie. Car si on ne leur ajoute pas un agent dénaturant des allergènes vous n’aurez rien gagné : souvenez vous, vous êtes allergiques aux débris d’acariens morts hein. Les tuer c’est euh, pas une très bonne idée.
  • Le simple lavage en machine (notez le : acheter une machine à laver), même à des températures inférieures à 60°, a une action franche sur la réduction des allergènes contenus dans les couettes, les couvertures, les oreillers et les peluches.
  • Pour le ménage il faut éviter au maximum la dispersion de la poussière en privilégiant un balayage humide ou l’utilisation d’un aspirateur bien entretenu (sac et filtre changés fréquemment). Les aspirateurs munis d’un filtre HEPA ne sont pas indispensables, mais en cas de renouvellement du matériel et de budget suffisant ce choix est judicieux.
  • Surtout, coupez les vivres aux acariens : les sources de moisissures (vos plantes vertes), vos squames, sur le matelas, les poussières d’aliments, de papier, de carton et les micro-climats favorables (peluches, tentures, moquettes, matelas) doivent être éliminés.
  • Et les housses? Une vraie housse, de qualité, renouvelée tous les dix ans, qui enveloppe totalement le matelas avec une fermeture étanche diminuera vraiment, le soir même, le contact avec les allergènes d’acariens présents dans le matelas. (ndr : je n’ai aucun intéressement sur la vente des housses, ce sont juste de bons produits) Mais elle ne fera rien à l’humidité ambiante, aux peluches abondantes, aux penderies ouvertes ou aux VMC mal entretenues. Nous vous en avions parlé ici.

Bon, j’ai fait l’éviction, ça y est, je fais quoi maintenant?

Comme toujours, je trouve la dose minimale de traitement qui me permette de bien cohabiter, sans aucun symptôme, avec un environnement normalisé. Si cette dose n’est pas de zéro, si elle est régulière voire insuffisante, si il y a des signes de gravité comme l’asthme, si ça fait plus de trois ans que ça dure : direction la désensibilisation.

La désensibilisation aux acariens existe aujourd’hui en France en comprimé sublingual ou en solution sublinguale. Cela ne remplace pas les médicaments mais les rend de moins en moins utiles avec le temps au fur et à mesure que votre corps monte son seuil de tolérance aux allergènes d’acariens.

En résumé,

  • l’allergie aux acariens de la poussière de maison est connue depuis 1967, avant on parlait d’allergie à la poussière tout court.
  • Vous n’êtes pas piqué ou vampirisé par les acariens de la maison : ils mangent des moisissures et des débris végétaux.
  • Mais ils ne vivent pas longtemps et laissent après eux dans votre poussière leurs allergènes : c’est l’attaque des acariens zombie.
  • Votre système immunitaire fait des anticorps contre ces molécules et tente de vous en protéger en vous rendant malade. C’est l’allergie aux acariens : rhinite, conjonctivite, asthme, eczéma etc.
  • Parfois vous croyez reconnaitre des allergènes d’acariens dans des aliments : crustacés, mollusques, kiwi sont les plus fréquentes des allergies croisées alimentaires mais les allergies croisées entre acariens (et les fortes réactions aux gales chez ces allergiques) montrent bien que ces allergènes sont largement partagés.
  • L’éviction ce n’est pas acheter, c’est épurer. Enlevez les plantes, rangez vos chambres, aérez et faites un ménage attentif une fois par semaine pas plus.
  • Les médicaments doivent vous permettre de rétablir l’équilibre chaque fois que les variations de quantité d’allergènes vous déséquilibrent.
  • Enfin, si ces médicaments sont réguliers voire nécessaires quotidiennement, une désensibilisation aux acariens s’impose.

Dans le prochain épisode, nous parlerons des mécanismes de la réaction allergique.

Merci à vous les amis, prenez soin de vous.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.