Oui oui, ce phénomène est déjà bien référencé sous le nom de « thunderstorm associated asthma » ou asthme associé aux orages (AAO). L’asthme allergique aux orages est une conjugaison « hasardeuse » d’ions électromagnétiques, de moisissures et pollens dans l’air et de vent rasant le sol. En 2016, un orage d’ampleur a hospitalisé 3500 personnes et en a tué 10 pour asthme; c’était à Melbourne en Australie.
Un orage c’est quoi ?
C’est une perturbation atmosphérique violente. Elle se manifeste avec plusieurs évènement, isolés ou associés. Mais on vous a dit la même chose en décrivant un rhume des foins souvenez-vous 😉 ! Des pluies violentes (rhinorrées), des coups de tonnerre (atchoum), des éclairs … Cet état atmosphérique crée un climat particulier qui a un retentissement sur les personnes allergiques, et pas des moindres. Trois études ont révélé un coefficient d’admission aux urgence durant les orages multiplié par 10, associé à davantage de mortalité pour crise d’asthme aigüe.
Asthme aux orages, quel profil ?
Dans ces trois études les personnes admises aux urgences sont jeunes. Elles n’ont pas le profil de l’asthmatique chronique habituel, et n’ont pour la plupart pas connu de crise d’asthme aigüe grave antérieurement. Elles sont juste polliniques, en particulier aux graminées et aux herbacées. Malheureusement deux études sur les trois ne s’intéressent pas assez aux moisissures, qui auraient pu permettre de mieux en cerner les profils type.
Que s’est-il passé à Melbourne Londres et Birmingham ?
Les 6 et 7 juillet 1983 un orage éclate à Birmingham. Il s’ensuit une admission massive aux urgences de l’hôpital pour des crises d’asthme (on passe des 3 cas journaliers habituels à 30 ce jour là).
Les 8 novembre 1987 et le 29 novembre 1989 à Melbourne ont lieu deux « épidémies » d’asthme aigüe grave. Elles sont corrélées avec la saison pollinique de l’ivraie et de gros orages.
Les 24 et 25 juin 1994 à Londres, on assiste au même phénomène d’admission massive aux urgences pour des crises d’asthme, suite à un orage.
En novembre 2016 à Melbourne les services d’urgences de la ville accueillent en 48 heures 3500 personnes souffrant d’une crise d’asthme et on déplorera 10 décès.
Asthme aux orages pourquoi ?
Au moment d’un orage, la charge électromagnétique négative de l’air est a son comble. Son déchargement se traduit par des éclairs successifs, accompagnés de coup de tonnerre, des détonations). On reconnait bien là les orages Hitchkokiens qui préludent un drame. Les vents violents se couchent au sol et rebondissent aussitôt en ayant pris soin d’arracher les pollens des graminées (comme l’ivraie qui engazonne toutes les pelouses).
Les pluies violentes mouillent la terre chaude. Il y a évaporation de l’eau où chaque molécule attrape une petite moisissure qui était au sol et l’emporte dans l’air.
Dans l’air, à hauteur d’homme, un formidable aérosol d’allergènes, de très forte concentration, est en suspension. Prêt à être inhalé.
Le drame est en place
L’humain, avec sa charge positive, même chez les plus pessimistes d’entre eux, est comme un aimant placé dans un boite de limaille… C’est la grosse catastrophe en quelques heures : une quantité incroyables d’allergènes pénètre dans les petites bronches. C’est la Crise d’asthme aigu grave même chez les sujets qui n’en on jamais fait avant. Ces derniers ne sachant pas la gérer ou n’étant pas armé de bronchodilatateur sont les plus en danger.
Asthme aux orages, quelle prévention ?
Il existe une population a risque qui est vulnérable aux orages. Les alertes météo sont prédictives, il ne faut pas s’exposer au dehors pendant un épisode orageux et bien prendre son traitement préventif contre les allergies aux pollens dans cette situation climatique en particulier.
Est-ce nouveau?
Non, le phénomène n’est pas nouveau et Avicenne le décrivait déjà il y a un millier d’années. Ce qui est nouveau c’est l’ampleur du problème car les populations urbaines sont denses et les moyens que nous avons pour traiter ces phénomènes exceptionnels sont faibles car ils sont « habituels ». Il faudra probablement qu’un « plan orage en saison pollinique » existe dans nos systèmes d’urgence pour mettre à disposition des traitements d’urgence adaptés. En attendant, c’est chaque individu qui doit être responsabilisé : vous êtes pollinique et de l’orage est annoncé, vous n’avez jamais fait d’asthme? Ayez quand même un bronchodilatateur et ayez appris à vous en servir : c’est votre vie qui est en jeu.
Découvrez en plus sur les allergies et la météo avec cet article du Dr Quequet concernant l’effet du soleil sur les allergiques.
Sources : OPA Pratique n° 325 avril 2019 p.2 C. Dutau
Le Dr Guy Tropper vous explique le phénomène dans une courte vidéo
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