Partager la publication "Implant Essure® : la mise entre parenthèse de la vie de Stéphanie"
Le témoignage que vous allez découvrir laisse peu de doutes sur les dégâts causés par L’implant Essure® sur cette patiente. Stéphanie, avec ses mots rédigés durant de longues insomnies, nous plonge dans le quotidien d’une femme blessée. Combative, malgré les obstacles, elle n’a pas baissé les bras pour retrouver une vie normale.
Pourquoi Essure® nous passionne ?
Parce que l’on a longtemps pensé que les femmes faisaient une allergie à un composant du dispositif. Le bilan initial comportait quasi systématiquement un bilan allergologique avec des patchs-tests avant la pose de l’implant mais aussi lorsque des symptômes généraux récurrents apparaissaient en post implantation . Très récemment est venue l’explication qui s’oriente plutôt vers une toxicité de l’étain. Le cas de Stéphanie en est l’illustration parlante. Laissons lui la parole
Un combat quotidien
» Mon histoire avec l’Essure n’est pas un long fleuve tranquille. Ce sont plutôt des mois d’errance médicale, des mois à me sentir coupable et responsable.
On m’a proposé l’Essure en 2014, j’avais un hydrosalpinx gauche qui m’empêchait d’accéder à la PMA. Pour éviter une lourde intervention, on m’a posé un Essure sous anesthésie générale. Ensuite, il y a eu tout doucement l’apparition de symptômes. Un passage aux urgences pour des douleurs pelviennes très importantes. Une prise en charge en centre antidouleurs parce que je n’arrivais plus à gérer les différents foyers de douleurs.
Il faut dire que j’ai une endométriose sévère avec une grave atteinte digestive. Malheureusement, on m’a mise uniquement dans cette case et tous les symptômes y ont été rattachés. Les médecins considèrent à l’époque, les évènements comme normaux et l’expliquent tous par ma pathologie existante.
Je vois différents spécialistes qui me prescrivent différents traitements allant du TENS aux anti épileptiques puis aux anti-dépresseurs. Le but des médecins était de couper le message de la douleur mais aucun n’a fonctionné. Les effets secondaires étaient trop importants, je ne pouvais plus réfléchir, plus sortir. En 2017, je décide de tout arrêter. Mon corps est malade, j’essaie de vivre avec et je mène un combat quotidien pour rester debout et continuer ».
Hydrosalpinx=Obstruction des trompes de Falope pouvant être cause d’infertilité
TENS= electrostimulateur à visée antalgique
Mon enfant, ma vie
« Mon objectif premier, avoir un enfant est le but de toute ma vie.Pour mener ce projet à terme, ayant déjà fait 6 fiv en France, je vais aller en Espagne. Je suis très bien prise en charge. Le projet avance bien. Quant est arrivé le grand jour de l’implantation, le stress est au plus haut. C’est ma première tentative et compte tenu d’un environnement hostile, les chances sont faibles.
Contre toute attente et la mince probabilité de réussite, je suis enceinte et je menerai ma grossesse à terme. Ce n’est pas sans mal mais je tiens jusqu’à la date de la césarienne programmée. Mon petit garçon arrive en mars 2018.
Ce qui va suivre est moins réjouissant. La fatigue est très forte et difficilement gérable. Je passe mon temps à me reposer et à lutter. En septembre, je reprends le travail à temps partiel. C’est alors que concilier mon état de santé, mon petit trésor et le travail est très difficile.
J’ai des douleurs partout, les articulations se bloquent, j’ai des douleurs musculaires, des vertiges, des otites à répétition, des maux de têtes.
Mon médecin traitant me croit et essaie de me soutenir. On fait des examens mais à chaque fois, ils sont strictement normaux. Tout doucement, on me laisse croire que tout ça, c’est dans ma tête. Je fais partie des faibles et je dois arrêter de me plaindre.Alors ,Ce que je fais: je baisse la tête et je continue de lutter. »
L’érythème noueux
« Fin 2019, je développe une crise d’érythème noueux au niveau de la jambe gauche. Des boules apparaissent sur mon mollet, de plus en plus nombreuses. Elles grossissent et ma jambe double de volume.
Un petit tour aux urgences, une échographie en privé, diagnostic : piqûre d’insecte. Je ris jaune. Je baisse la tête. Ça va passer !
Deux mois plus tard, ça recommence. Cette fois-ci, l’érythème est diagnostiqué.
Je suis prise en charge par un interniste et les recherches commencent. Qu’est ce qui a bien pu causer cet érythème ? Des semaines d’examens, bilan sanguin, radio, IRM, scanner. Devinez la suite ? Tout est normal.
L’érythème noueux est caractérisée par l’apparition des nodules sous cutanés passant du rouge au jaune, chauds et douloureux des membres inférieurs évoluant vers la guérison spontanément en une à six semaines ».
L’espoir renaît
« Un matin, le radio-réveil se met en route. Ce sont les informations qui défilent. Encore un peu dans mon sommeil, j’entends vaguement l’histoire de 2 femmes qui portent plainte contre l’Etat pour mise en danger d’autrui. Le sujet de la plainte : l’Essure.
Mais j’ai un Essure !!
Une fois bien réveillée, je me renseigne et je lis des témoignages de femmes ayant des réactions multiples face aux implants. Je rejoins l’association R.E.S.I.S.T. qui représente les porteuses et victimes du matériel.
Je retourne voir l’interniste et comme mon médecin traitant, elle me suit dans la demarche. Première étape, consultation avec l’allergologue. Le but est de vérifier s’il n’y a pas une allergie aux composants. Le verdict tombe trois allergies aux métaux dont le nickel. Il n’en faut pas plus pour convaincre le chirurgien de procéder au retrait de l’Essure ».
L’explantation
« La machine est lancée. L’espoir renaît en moi. Est-ce que j’aurais la chance de vivre avec moins de douleurs ?
Je passe une analyse pour mesurer le taux d’étain dans mes urines. Il serait question d’une soudure en étain défectueuse. Le taux relevé est trop important.
Mon dossier médical est déjà très chargé. Ma gynéco souhaite m’opérer mais avec beaucoup d’humilité elle me dit que son confrère, qui m’a opéré en 2013, le fera mieux qu’elle.
Cependant, Le seul « problème » est que son confrère a quitté les environs. Je vais devoir parcourir des centaines de kilomètres pour remettre mon avenir entre ses mains.
Je prends mon courage à deux mains, je confie mon petit prince et je pars.
L’opération s’est très bien déroulée. J’ai échappé à tous les risques de l’opération, pas de poche à caca, je peux encore uriner seule, et aucun problème en post opératoire ».
Le prix à payer
« Avant l’intervention chirurgicale, je n’aurais pas pu envisager un deuxième enfant. J’avais déjà du mal à m’occuper du premier tellement j’étais épuisée. Deux mois après, je me dis que je pourrais être capable de m’occuper de deux enfants. Cependant, le retrait de l’implant m’a coûté mon utérus. Je ne pourrais plus avoir d’enfant. C’est encore un sujet difficile à intégrer ».
« Comment ça va? »
« Avant l’exaltation, lorsqu’on me demandait comment j’allais, il y avait une réponse basique que je donnais pour ne pas susciter de réaction « ça va et toi ? » Mais il y a la réponse qui reflétait vraiment mon état » je suis ravagée »
Ce n’est pas une réponse que je donnais pour exagérer. C’était vraiment ce que je ressentais. Avec le recul, je me dis que ce n’était même pas assez fort pour décrire mon état.Je n’étais bonne à rien. Je n’arrivais à rien. Tout était difficile et insurmontable. A chaque fois que je commençais quelque chose, je n’avais qu’une hâte : aller me reposer, dormir.
Deux mois après le retrait de l’implant, je ne suis plus ravagée. Je ne vais pas dire que je suis au top de ma forme mais je n’utilise plus ce terme pour me décrire. D’ailleurs, j’ai eu beaucoup de mal à me souvenir du terme.
Je fais les choses en profitant de l’instant sans penser au moment où je pourrais aller me coucher.Ça change la vie ».
Des questions en suspens
« Aujourd’hui, j’ai énormément de questions en suspens.
Pourquoi je n’ai pas été prévenue des problèmes liés à l’Essure ?
Comment ce dispositif a pu être mis en circulation malgré ce problème de soudure.
6 mois après l’opération, mes analyses d’urine ne révélaient plus la présence d’étain.
La question la plus importante et la plus difficile à gérer : quel a pu être l’impact sur mon fils ?
Ce dispositif ne prévoit pas une grossesse. Encore moins une grossesse dans un contexte d’empoisonnement à l’étain. Il n’existe aucun témoignage, ni étude sur le sujet.
Aujourd’hui, je vais beaucoup mieux.
Mais que d’années perdues, des années d’une vie entre parenthèses et des questions qui restent sans réponse.
Ne vous laisser jamais dire que c’est dans votre tête. Battez-vous !
Je voulais aussi ajouter que je remerciais tous les médecins qui m’ont cru et qui m’ont soutenu. C’est tellement précieux ».
Illustration gpointstudio pour Freepik
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