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Contraception définitive par Essure, le calvaire des femmes implantées

Allergologue,insatiable curieuse et passionnée, j'écris sur l'allergie classique et insolite. J'aime livrer des infos accessibles pour tous et soulager le quotidien des allergiques. Mon dernier ouvrage s'intitule "Les nouvelles allergies comment les reconnaître " aux éditions du Rocher.
Contraception définitive par Essure, le calvaire des femmes implantées Posted on 12 décembre 20202 Comments
Allergologue,insatiable curieuse et passionnée, j'écris sur l'allergie classique et insolite. J'aime livrer des infos accessibles pour tous et soulager le quotidien des allergiques. Mon dernier ouvrage s'intitule "Les nouvelles allergies comment les reconnaître " aux éditions du Rocher.

En 2017, le système de contraception définitive par micro implant Essure® est retiré du marché. Une raison à cela, l’apparition d’effets secondaires parfois graves répertoriés en France et dans d’autres pays. Début octobre 2020 s’est tenue une réunion entre différentes instances dont l’ANSM et les représentants des femmes concernées par ce phénomène. À l’ordre du jour, établir un état des lieux de cette problématique. L’association R.E.S.I.S.T.,en première ligne, nous aide à y voir plus clair.

Petit retour en arrière

Le dispositif Essure® fait son apparition dès 2002. Cette nouvelle technique, proposée à l’époque, consiste à introduire au niveau de chaque trompe (par les voies naturelles) un micro implant . S’en suit une réaction locale de fibrose cicatricielle empêchant la progression des spermatozoïdes vers l’ovule. À l’époque , elle semble représenter une méthode de stérilisation définitive et irréversible moins invasive que la ligature de trompes

Tout aurait pu être pour le mieux dans le meilleur des mondes de la contraception. Seulement voilà, ce ne fut pas le cas avec l’apparition d’ effets secondaires parfois très invalidants chez certaines porteuses d’implants Essure®.

Un parcours semé d’embûches

Quelques mois, voire des années ou exceptionnellement quelques heures après l’implantation, des femmes ressentent de violentes douleurs abdominales, musculaires et/ou articulaires. Une fatigue intense s’installe sans explication parfois accompagnée de troubles de la mémoire, de perte de cheveux. Ces victimes errent de médecins en médecins sans trouver forcément une oreille attentive.

Il faut attendre les premiers signalements d’effets indésirables auprès de l’ANSM ( Agence Nationale de Sécurité du Médicament et des produits de santé). En 2015, devant un accroissement des cas colligés, le ministère de la santé réagit . Il impose une implantation effectuée uniquement par des gynécologues obstétriciens » ayant une bonne maitrise de l’hystéroscopie opératoire« . Ce n’est qu’en septembre 2017 qu ‘intervient l’arrêt officiel de la commercialisation en Europe. Parallèlement , à l’époque, le laboratoire Bayer publie un communiqué de presse à ce sujet.

Une aide précieuse

Les patientes vivent un véritable calvaire. Peu ou pas entendues, elles trouvent une oreille attentive depuis 2016 auprès de la jeune association R.E.S.I.S.T. (Réseau d’Entraide, Soutien et Informations sur la Stérilisation Tubaire). Elles y obtiennent écoute, soutien et conseils sur la conduite à tenir. Marielle Klein (initiatrice du projet) puis Émilie Gillier assure successivement la présidence . Par ailleurs, elles connaissent parfaitement le sujet , toutes deux personnellement touchées par ce phénomène.

Comme le signale E. Gillier, les femmes concernées attendaient de l’Essure® une solution mécanique à la contraception hormonale classique parfois mal supportée ou insuffisante  » . « Elles ont connaissance de notre association par le bouche à oreille ou par le biais des médias ». Chaque étape de médiatisation permet de mieux connaitre le problème et d’informer. C’est d’ailleurs le cas, confirme la présidente, lors de la publication du protocole d’explantation de Essure® en 2018 rédigée avec l’ANSM et le CNGOF. ( Collège national des gynécologues obstétriciens français ).

Comme la présidente de R.E.S.I.S.T. le rappelle, à juste titre « le gynécologue obstétricien poseur n’est pas forcément celui qui assure le suivi à long terme de la patiente rendant plus difficile la collecte des effets indésirables ». S’apercevoir que l’on n’ est pas seule à ressentir ces symptômes rassure et rend plus forte même pour entamer le parcours d’explantation. Pour certaines, des procédures judiciaires sont engagées dès 2016. Pour preuve, en 2019, le témoignage de Françoise Vanmuysen qui dépose plainte pour « mise en danger d’autrui »

La composition du système ESSURE

L’association détaille parfaitement les différents éléments qui compose le micro implant.À la lecture de cette liste, on observe qu’il ne s’agit pas uniquement d’un alliage titane/nickel. D’autre part, les informations à ce sujet ne sont distillées qu’au fil du temps par le fabriquant.

Avant tout, sont évoqués des phénomènes d’effets secondaires allergiques, . « Ceux-ci ne semblent cependant pas être une cause prédominante » évoque E Gillier . Ils sont la conséquence de réactions à la présence de différents métaux en l’occurence avec le nickel ou le chrome. En outre, il ressort dans une étude préliminaire récente des taux de métaux élevés dans les trompes implantées . Il s’agit, en l’occurence , du nickel, du chrome, de l’étain, du magnésium, du fer, du cuivre et du zinc.

De nouvelles nouveaux travaux sur ce sujet sont à développer . Cela d’autant plus qu’un autre travail publié sur le relargage d’éléments métalliques dans l’organisme suite à la l’implantation pose question. La corrosion des métaux pourrait – elle être à l’origine de manifestations cliniques?

De l’étain dans les trompes

En 2019, un laboratoire effectue une étude minéralogique sur les biopsies utérines de femmes explantées. Les premiers résultats sont sans appel. Ils démontrent une présence inhabituelle d’étain dans les tissus lésés par l’ usure importante de la soudure des implants. On obtient confirmation par d’autres prélèvements effectués sur de nouvelles patientes en aout 2020 . Ces observations tendent à prouver que la présence de particules de ce métal est la probable origine des douleurs pelviennes. L ‘hypothèse de leur participation dans le déclenchement d’autres effets secondaires sont en discussion. Elle requiert des études supplémentaires sur le sujet. En outre l’étain peut se transformer en organoétain toxique pour l’organisme.

L’explantation

E. Gillier nous confirme que « 80% des femmes ayant bénéficié de cette intervention ressentent une nette amélioration ».

Là encore la présidente insiste sur l’importance pour le chirurgien de bien localiser avec précision les implants intacts ou scindés en différents morceaux pouvant migrer. Le bilan pré explantation prend tout son sens pour ensuite décider du mode opératoire au cas par cas.

Octobre 2020

Le 1er Octobre 2020, s’est tenue une réunion essentielle entre l’ANSM et les associations R.E.S.I.S.T. et « alerte contraception », d’autres intervenants médecins, scientifiques, pour avancer dans ce l’on peut appeler la « SAGA Essure ». En effet, comme le stipule le site de R.E.S.I.S.T. environ 200 000 femmes ont bénéficié de ce dispositif médical en France ». Hormis les 22233 explantations répertoriées entrée 2016 et 2018 , il persiste une population féminine porteuses d’implants. Certaines restent asymptomatiques. D’autres n’ont peut-être pas encore conscience de la relation de cause à effets des troubles qu’elles ressentent.

Lors de cette réunion chaque participant a partagé son expérience sur le sujet. Au regard des résultats des différents prélèvements et de l’amélioration clinique post explantation, il existe une problématique Essure®. Devant la multiplicité des symptômes cliniques rencontrés (hors migration ou casse de l’implant) plusieurs hypothèses de travail sont évoquées pour l’expliquer . De nouvelles réunions de travail vont avoir lieu pour avancer sur ce dossier. Prochain rendez- vous fixé le mardi 15 décembre 2020 pour le comité de suivi Essure®. Histoire à suivre …..

illustration : diana gritsku pour freeepik

Allergologue,insatiable curieuse et passionnée, j'écris sur l'allergie classique et insolite. J'aime livrer des infos accessibles pour tous et soulager le quotidien des allergiques. Mon dernier ouvrage s'intitule "Les nouvelles allergies comment les reconnaître " aux éditions du Rocher.

2 comments

  1. Bonjour est il possible de retirer ces implants essure que j ai depuis 7 ans ? J ai des douleurs pelviennes, fatigues et maux de tête inexpliqués /et douleurs occasionnelles au niveau du cerveau, je suis allergique au nickel et je sais que les implants en contiennent. N y a t il pas de risques ? Merci de vos réponses cordialement

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