Désemparées, désespérées, révoltées, errance diagnostique, ces mots ne sont pas trop forts. Ils résument les sentiments de ces mères confrontées au SEIPA de leur enfant. Ces mamans doivent souvent lutter pour se faire entendre du corps médical. Une mise au point s’impose pour résumer les principales caractéristiques de cette allergie alimentaire méconnue.

Un mécanisme non IgE médié

Sous l’acronyme SEIPA se cache une allergie alimentaire (AA.): le syndrôme d’entérocolite induite par les protéines alimentaires . Cette pathologie est encore peu connue du milieu médical. Pourtant, elle met  à mal le quotidien d’un grand nombre de familles.

On remarque le désarroi des mamans dans les groupes d’entraide sur les réseaux sociaux. Elles rencontrent l’incompréhension auprès de beaucoup de professionnels de santé peu informés sur le sujet.

Le délai entre la crise initiale et le diagnostic peut paraître long surtout pour les familles concernées. Les premières descriptions cliniques datent de 1998. Depuis , en 2017 un consensus défini les critères diagnostiques. Il s’agit d’une pathologie allergique non IgE médiée dont la fréquence est encore difficile à estimer ( selon les pays entre 0,35 et 0,5%). Le mécanisme à médiation cellulaire fait appel aux lymphocytes T. Le résultat correspond à une inflammation de la muqueuse intestinale et une augmentation de sa perméabilité. 

Cette allergie alimentaire à expression majoritairement digestive doit désormais faire partie du vocabulaire médical. Sa particularité d’AA. non IgE médiée explique la négativité des pricks-tests et dosage des IgE spécifiques.

Le SEIPA sa forme aiguë ou chronique

Le SEIPA atteint indifféremment l’enfant dès les premiers mois de vie ou plus rarement l’adulte . Deux descriptions se dégagent.

 La forme aiguë

La forme aiguë s’observe chez le nourrisson dans un délai d’ une à quatre heures après l’ingestion occasionnelle de l’aliment en cause. Elle se manifeste par des vomissements violents et répétés . Ceux-ci entraînent une possible déshydratation majorée par une diarrhée profuse dans les 5 à 10 heures . L’enfant est pâle, léthargique. L’hospitalisation se révèle nécessaire surtout dans les formes sévères pour procéder à une rehydratation. Pour le médecin, la difficulté réside dans l’élimination de plusieurs diagnostiques pouvant induire en erreur. Lors d’un premier épisode, les manifestations cliniques sont parfois confondues avec une intoxication alimentaire, une gastro entérite.

En France, par ordre décroissant, sont en cause :

• Le lait de vache
• le poisson
• l’œuf
• les viandes de poulet et de bœuf
• le blé
• les haricots verts
• les carottes
• les pommes de terre

A partir de 2012, des observations de SEIPA aux mollusques sont répertoriés. Une étude rétrospective francilienne fait état de 38 cas de SEIPA aux huîtres, observés chez des adultes, colligés par les allergologues de la région. Certaines réactions sévères ont nécessité un passage aux urgences. On peut se poser la question de savoir si certaines réactions préalables étiquetées intoxication alimentaires à ces coquillages n’était pas plutôt un SEIPA. L’éviction des habitudes alimentaires de cet aliment est facile. Certaines personnes concernées dans les formes modérées n’ont peut-être pas consulté.

La forme chronique

L’aspect chronique se rencontre surtout chez le nourrisson de moins de quatre mois. Il s’agit alors de diarrhée importante avec des selles sanglantes accompagnées de vomissements. La courbe de croissance staturo-pondérale est impactée avec une faible prise de poids. Les aliments responsables sont plutôt de prise quotidienne, comme les protéines du lait de vache

Le SEIPA peut évoluer favorablement au fil des ans. Cependant les études font encore état de résultats discordants selon les pays et les aliments responsables.

Le diagnostic du SEIPA

Actuellement, il n’y a aucun test cutané ou sanguin qui peut aider au diagnostic. Seule l’évocation des signes cliniques et leur disparition lors de l’éviction de l’aliment incriminé reste le critère essentiel. Cependant, le dosage des IgE spécifiques garde son intérêt en cas de suspicion de forme mixte associé à une forme IgE mediée.

Le test de provocation oral ( TPO ) s’effectue systématiquement en milieu hospitalier sous certaines conditions.

La pose d’un accès veineux est indispensable en raison des risques de déshydratation. D’autres part, en raison de la chronologie des réactions, la surveillance post test est plus longue ( environ 5 à 6 heures) en comparaison d’un TPO pour allergie alimentaire IgE médiée.

La prise en charge du SEIPA

Éliminer l’aliment responsable selon l’âge est impératif (lait de vache, soja, riz, poissons….). Le plus compliqué reste la possibilité de réaction à deux ou trois aliments voir même plus .Cela complique fortement l’équation et le choix des menus chez les enfants concernés.

La prescription d’adrénaline est inutile en raison du mécanisme non IgE médiee. Et la seule exception est l’evolution du SEIPA vers une forme mixte (médiée – non-médiée).

Références

1-https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S1877032021000762

2-https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S1877032020303663

3-https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S1877032020303055

Illustration Rawpixel pour Freepik

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