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Adopter un chat hypoallergénique en cas d’allergie ?

Journaliste, j’ai un goût prononcé pour les domaines de l’alimentation et de la santé avec une spécialité dans les sciences du vivant. L'allergie est une longue histoire dans ma vie, une planète sur laquelle j'écris, sur laquelle je vis, depuis 17 ans maintenant.
Adopter un chat hypoallergénique en cas d’allergie ? Posted on 14 novembre 20182 Comments
Journaliste, j’ai un goût prononcé pour les domaines de l’alimentation et de la santé avec une spécialité dans les sciences du vivant. L'allergie est une longue histoire dans ma vie, une planète sur laquelle j'écris, sur laquelle je vis, depuis 17 ans maintenant.

88 % des personnes allergiques au chat le sont à une protéine : Fel d 1. Fort de ce constat, de multiples recettes ont été imaginées pour garder cet animal à demeure, sans ce fameux allergène.

Sources : Luxembourg Institute of Health ; ISMA 2017 ; Silvia Uriarte Obando, Joaquín Sastre Domínguez, Clinical impact of molecular diagnosis in cat allergy – Clinical and translational allergy, 2014; 4(Suppl 2): P51. ; RTL5 Luxembourg 25 avril 2016 ;  allerdata.com

Selon l’Académie américaine des allergies, de l’asthme et de l’immunologie (AAAAI), environ 10 millions de personnes (!) font consciemment le choix de continuer de vivre avec leur animal de compagnie, malgré leur allergie. «Beaucoup de gens aiment vraiment les chats, ils sont prêts à souffrir ou à prendre constamment des médicaments pour garder leur félin à la maison», a déclaré le chef du département d’allergie et d’immunologie pédiatriques du centre médical pour enfants de l’Université Johns Hopkins, Baltimore Dr. Robert Wood.

Les allergiques aux chats représentent 20 % de la population américaine selon cette même source. En France 25 % des propriétaires de chat y sont allergiques et font le choix de garder leur animal.

Une protéine contenue dans le sébum

L’allergie au chat est provoquée par une protéine contenue dans les glandes sébacées et anales du félin et, dans une moindre mesure, dans sa salive. Celui-ci, en se léchant pour faire sa toilette, va étaler ces protéines problématiques sur sa fourrure. Sa litière une fois souillée dégage cette même protéine allergisante. La protéine Fel d 1  (sécrétion dépendante du taux de testostérone) est l’allergène majeur du chat, marqueur spécifique de l’allergie au chat. Fel d 2 et Fel d 4 sont également des allergènes impliqués dans les réactions allergiques mais dans une bien moindre fréquence. Une protéine allergisante se mesure en micromètres c’est pourquoi cet allergène est également aéroporté, contaminant ainsi toute la maisonnée.

Alors clairement on ne fera rien pour les hyperallergiques au chat ( asthmatiques sévères ou non équilibrés), sauf  leur conseiller de trouver un nouveau propriétaire à leur félin. Et avant de se séparer de son chat il sera essentiel de faire un bilan allergologique complet pour s’assurer que l’allergie dont on souffre est bien due au chat. Mais pour une grosse moitié des allergiques modérés, il est tout à fait possible d’avoir un minet au foyer.

Comment ça marche ?

La cohabitation réussit si on arrive à diminuer les facteurs d’exposition à Fel d 1. Ce sont des habitudes quotidiennes de vie que le propriétaire du chat doit mettre en place dès la réception du chaton à son domicile.

  • Lavez le chat. Aucune étude n’a réussi à prouver que les symptômes allergiques du propriétaire étaient moindre mais ce conseil est référencé partout, y compris dans des parutions scientifiques où des experts en allergologie prodiguent quelques conseils en passant. Alors laver son chat oui, si on commence quand il est petit et que sa personnalité s’y prête. Regardez cette vidéo réalisée par Catherine Quequet pour savoir comment laver son chat. Un gant de toilette mouillé sur le pelage, c’est moins stressant aussi.

  • Faites un ménage soigneux : un chat perd ses poils tout le temps et trois fois plus en période de mue.  Les surfaces textiles retiennent les poils qui ont capturé les allergènes. Donc aspirez, aspirez et aspirez les canapés. Aspirez les coins de maison (par circulation naturelle de l’air, les poils s’y logent en tas). Ayez recours a un bon aspirateur avec un filtre HEPA et un sac. Oubliez la moquette.

Ne stressez pas votre chat ! un chat anxieux produit plus de Fel d 1 car ses glandes sébacées et anales tournent à plein régime. Il existe des diffuseurs d’hormones d’apaisement pour les chats en proie à un changement d’habitude important (déménagement, arrivée d’un bébé, …).

  • Changez sa litière à toilette quotidiennement. Et surtout rangez la caisse dans un endroit ou l’allergique ne va pas ou peu.
  • Le chat ne rentre pas dans la chambre à coucher. Le sommeil d’un dormeur adulte est d’environ 8 h par 24 h. Ce peut être 8 h de mise au repos de son organisme. Il est évident que le dormeur en pyjama ne papouille pas son chat avant d’aller se coucher, sinon il emporte les protéines allergisantes au lit.
  • Choisissez un mâle castré  ou une femelle et faite-les stériliser dès que possible pour cadrer la production hormonale (testostérone) à son minimum.
  • Brossez le chat à l’extérieur pour limiter les nuages de poils, lavez-vous les mains après.
  • Équipez la pièce à vivre d’un purificateur d’air adapté au volume de la pièce.
  • Prenez votre traitement contre l’allergie sérieusement.

Plus on associe les mesures de prévention plus la recette est efficace. Catherine Quequet a réalisé une vidéo résumant toutes ces préconisations.

Un chat hypoallergénique ça existe ?

Et bien oui. Cette étude l’affirme. L’équipe du Dr Julia Satorina de l’Institut de physiopathologie et d’allergologie de Vienne en Autriche a sélectionné 6 chats normaux et 8 chats dits hypoallergéniques. Puis elle les a caressé avec du coton absorbant sur la face, le thorax et la salive. « Les allergènes ont été extraits et les niveaux de Fel d 1 analysés dans chaque échantillon à l’aide d’un kit ELISA commercial. La teneur en allergènes des échantillons a été analysée sur SDS-PAGE. L’activité de liaison des IgE a été testée par immunoblot dans des conditions réductrices et non réductrices en utilisant des sérums de patients allergiques au chat et un anticorps monoclonal anti-Fel d 1« . Conclusion, les niveaux totaux de Fel d 1 ont été réduits dans les échantillons de la face et encore plus dans ceux de la poitrine des chats hypoallergéniques.

L’étude conclue « que les chats hypoallergéniques sécrètent et distribuent moins de Fel d 1 par rapport aux chats normaux sur leur pelage. Les races de chats hypoallergéniques constituent une alternative attrayante pour les patients atopiques ou allergiques au chat« .

Néanmoins, les chats hypoallergéniques sont récents et le nombre d’études à leur sujet se comptent sur 2 doigts de la main. Et une étude sur 6 ou 8 chats … on est encore loin de la preuve avérée. Dernière non-information : on ne connait pas la race des chats testés…

Mais il y a des éléments que se dégagent au fur à et à mesure du temps et de l’intérêt du genre homo pour ne jamais se résigner à l’évidence que lui inflige la nature.

Si l’être humain a décidé de vivre avec un chat, allergique ou pas, il réussira.

Le cas du chat Sibérien

La rédaction d’Oasis Allergies s’est attardée sur ce chat un peu particulier et somme toute assez récent en France puisque le premier spécimen est apparu en 1992 en France.  Elle est issue de la sélection entre des chats domestiques vivant en Russie et un félin sauvage Felis silvestris. On peut encore observer, en Transcaucasie, un chat sauvage, Felis silvestris caucasica ressemblant assez au Sibérien.
Le premier standard de la race a été établi en 1989 proposé par Olga Mironova experte féline du club  « Kotofey » à Saint-Petersbourg et membre de la World cat federation.

Qu’est-ce qu’il a de chat en plus et en moins ?

Le Sibérien est un chat robuste, plus grand que nos minous de gouttière, puisqu’il peut peser entre 5 et 10 kg. Il a des poils semi-long mais, vous l’avez compris, ce n’est pas les poils le problème, c’est le sébum !

(on se dit quand même que plus le poil est long plus il a une surface développée pour porter des protéines…)

Plusieurs éleveurs de Sibériens se sont attachés à produire des chats pauvres en protéine Fel d 1.

Aujourd’hui chaque éleveur qui s’installe l’écrit sur son site internet : le Sibérien est un chat hypoallergénique (il donne moins de réactions allergiques).

  • Nous sommes tous d’accord que c’est un très beau chat.
  • Que des témoignages de propriétaires allergiques et comblés sont publiés sur les sites d’élevage de Sibériens.
  • Que les éleveurs affirment réaliser des tests salivaires de leur reproducteur pour sélectionner des souches de chat  hypoprotéinés. Sauf que la majorité de la production de Fel d 1 est produite dans les glandes sébacées et anales, pas dans la salive alors un test salivaire … C’est un argument pseudo scientifique à usage marketing. (Nous n’avons pas trouvé de laboratoire d’analyses vétérinaires en France dosant la protéine Fel d 1 dans un prélèvement de sébum ou de la salive de chat).
  • Que pour dire qu’il y en a moins, il faut pouvoir comparer un élément avec un standard et donc avoir des chiffres autour desquels tout le monde est d’accord. (une tranche de jambon avec l’allégation « pauvre en sel » par exemple, doit contenir – de 0,305 g de sel)
  • Faire un test d’imprégnation avec un chat hypoallergénique en plaçant une personne allergique quelques heures dans un élevage ce n’est pas vraiment révélateur non plus (6 mois d’imprégnation serait plus correct).

Le mot de la fin

Un chat hypoprotéiné en Fel d 1 c’est un peu un miroir aux alouettes. Il y a la réalité et ce qu’on voudrait. Et parfois ce que l’ont veut est très fort. Lisez, comprenez, débattez, essayez, décidez. Aimez votre chat si c’est votre souhait, ne ruinez pas votre foyer pour ce souhait (sinon c’est un caprice, il y a des chats hypoallergéniques qui coutent juste un bras).

Miaou alors !


crédits photo : Senivpetro / Freepik – Fédération féline française.

Journaliste, j’ai un goût prononcé pour les domaines de l’alimentation et de la santé avec une spécialité dans les sciences du vivant. L'allergie est une longue histoire dans ma vie, une planète sur laquelle j'écris, sur laquelle je vis, depuis 17 ans maintenant.

2 comments

  1. Moi j’aimerai bien tenter une cohabitation avec un chat sphynx ou bleu sibérien, les médecin m’ont pourri la vie quand j’étais jeune ado en affirmant que j’étais allergique aux poils des animaux, ils m’ont ainsi privé de tout contact avec les chats et les chiens ! Il s’avère que je suis moyenement allergique aux chats mais pas à leurs poils ni à ceux des chiens ou aux cheveux des filles ( bah oui c’est de la kératine comme les poils des chats ou des chiens !…)

    1. les allergènes de chats se trouvent à la racines des poils et dans la salive . certes un sphinx n’a pas beaucoup de poils . avez vous refait depuis peu de nouveaux tests et dosés les IgE du chat . et L’allergie aux animaux n’a rien à voir avec la Kératine et encore moins les cheveux des filles . par contre l’allergie croisée viande de porc et chat cela est une réalité . Je vous conseille donc une nouvelle consultation chez l’allergologue

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